BlaBla

On_voudrait_nous_apprendre_à_marcher_en_nous_coupant_les_pieds_!


Vous pouvez déposer vos mots ici:

NadIne :

J’ai envie de dire tout net : je n’aime pas ce texte. Je me rend compte qu’en faire une critique détaillée me serait très fastidieux, car c’est le ton en lui-même que je n’aime pas.

Je n’ai rien contre la forme pamphlet; tous les styles sont bon à prendrer quand ils sont bien habités.

Mais justement, le pamphlet est une forme difficile; s'il opère des simplifications, c'est pour mieux faire voir; de là, on peut vite glisser dans le piège d’opérer des simplifications par paresse de la pensée.

Et ce faisant, le ton vif et mordant du pamphlet devient agressif. On ne peut plus rien voir, agressé qu’on est - à moins d’adherer pour échapper à l’agression; est-ce cela que veut l’écrivant ici ?

La critique de l’école et des horreurs adjacentes n’y gagne pas, mais pire, elle y perd.

Non ?


LiBre:

Alors disons le carrément j'aime bien ce texte ! et j'ai personnelement un besoin physiologique de propos corrosifs... Disons que ,je ne me retrouverais pas dans un ensemble homogène lissé par une critique purement cérebral . J'ai besoin de "coups de geule", de "coups de nerfs", d'une expression de rage (ne serait-ce que pour exorciser un peu la mienne...) Je pense que cris et analyses sont complémentaires et s'enrichissent mutuelement (pour moi ce texte parvient à équilibrer les deux ) J'ai autant besoin d'entendre : "on peut envisager d'autres rapports au savoirs que ceux de l'éducation nationale, observons les et critiquons les..." que "Ce monde c'est de la merde !" Voilà... ça me fait du bien .

Et, effectivement il y a un mystére sous certains textes du même ton (mais ce n'est pas le cas de celui-ci), selon qu'on se situe dans le "vous" des moutons ou des oppresseurs (du coup on aura le sentiment d'être agressé-s ) ou dans le "nous" des enragés ou des opprimé-es (auquel cas on aura parfois un sentiment de soulagement lié au fait de pouvoir lire tout haut ce qu'on pensait tout bas...) AU début certains textes de R.A.P ou par exemple (si vous connaissez...) l'affiche "ANTI FRANCE VAINCRA" me mettez mal à l'aise, parceque: 1° je suis un peu parano sur les bords 2° j'appartiens à une classe dominante (homme,blanc, occidental, adulte, privilégié culturelement...) 3° c'est bien l'objectif de ces textes de mettre mal à l'aise...

Maintenant que j'ai un peu mieux synchronisé mes idées et mes actes , j'aime bien la rage que ces textes exprime, j'aime bien la piqure de rappel qu'il constitue, qui m'evite de m'endormir dans la routine des jours dans le cauchemar faciste de notre époque !

(un petit texte d'H.Michaux en introduction de Epreuves ,exorcismes exprime ça mieux que moi...)


NadIne :

Moi aussi ça me fait du bien d'écrire "putain de monde de merde" et tout ce qui s'en suit sur des feuilles, parfois, et souvent, même, des fois.

De là à ce que ce soit pertinent pour d'autres...


Il est évident qu'on est en droit politiquement et stratégiquement de remettre en question la pertinence de:

  • l'expression d'une colère
  • un cri de rage
  • un concert punk ou hip hop ou hardcore ou autre...
  • une émeute
  • un mouvement des banlieues
  • un contre sommet anti G8
  • une école,un comissariat qui brûle
  • un graffiti
  • un tract enragé
  • un hurlement absurde

(dites le moi si je fait des amalgames)

on peut aussi se demander s'il est pertinent ou non de faire sortir le pus d'une blessure infectée ou si les esclaves feraient mieux de fermer leur geules plutôt que de politiser ou de mettre en commun leur "étrange sentiment de disconvenance"...

comme disait shakespeare:

"Tout est néant: La résignation est stérile et la révolte pareille à l'aboiement d'un chien fou."


NadIne : J'ai précisé au début : "tous les styles sont bon à prendre quand ils sont bien habités." (restons dans le domaine de l'écrit pour pas compliquer). Evidemment, après, il faut définir le "bien"...c'est là que l'évaluation intervient, celle des autres ou/et la sienne propre. Tu cites des formes qui expriment la rage : je n'évalue pas le fait d'avoir la rage, mais ce qui est écrit; ça pourrait être un conte, une analyse etc.peu importe.

Je ne pense pas que toutes les expressions se valent. Par contre, elles ont toutes légitimes, ou autrement dit, on a le droit de se planter.

(...)

Tiens, un bouquin qui parle de ça un peu : "C'est bizarre l'écriture" de Christiane Rochefort

Moi aussi j'aime bien les textes qui ont la rage; mais décidemment, non, j'arrive pas à apprécier le ton agressif; je n'ai jamais observé que ça m'amène à plus de punch dans mes actes, de me faire agressée, même verbalement.