Enfants et âgisme

Texte d'invitation au pôle "enfance et âgisme" des rencontres AMP en Aveyron en août 2006


Repenser nos rapports à l'enfance , à l'âge, l'école, au savoir...

Nous proposons de consacrer vraiment du temps à la question de l’enfance, des savoirs, de l’éducation et du rapport entre les âges. Pour nous, si l’AMP se définit comme une structure en lutte contre de nombreuses formes de domination (genre, pouvoir, travail, racisme...) et de discrimination, le rapport aux « enfants », les relations et la participation de personnes d’âges différents à nos processus nous semblaient ne pas avoir encore été suffisamment considérés. Par ailleurs, lorsque cela a été esquissé, comme à Belgrade par exemple, ces réflexions n’ont réuni que des parents autour de leurs enfants. De même que le racisme ne concerne pas que les noirs et les questions de genre pas que les filles, ces questions nous semblent générales, transversales, et aussi théoriques que pratiques.

Pour ces rencontres, voici donc des pistes qui peuvent être modifiées, enrichies... Nous proposons de :

  • Réfléchir à des notions telles que l’enfance, l’adulte, le statut de mineur, la protection, la parentalité...
  • Observer et critiquer la domination des adultes sur les enfants, la pression sociale et le contrôle exercés dès le plus jeune âge (obligations de résultats scolaires, focalisation sur le contrôle de l'absentéisme, construction des établissement pénitentiaire pour mineurs), la répression des parents qui ne se soumettent pas aux critères des lois sur l'éducation et le contrôle social, l’obligation de dénonciation des représentants de l'Etat et des acteurs sociaux, la généralisation d’un rapport carcéral, répressif et médical à l’enfance (rapport de l’INSERM, rapport Bénisti, recours à la psychiatrie, médicalisation, « génétisme » déviant...). Comment construire des résistances face aux contrôles sociaux ? Comment créer collectivement d’autres rapports ?
  • Inviter des jeunes ayant participé aux mouvements sociaux de ce printemps pour faire un retour sur ce qui s’est passé, nous parler de comment ça continue...
  • Critiquer l’école et la scolarisation de la société. Quelle construction et transmission des savoirs ? Comment considérer et respecter la curiosité native des enfants et leur créativité ? Que faire des "pédagogies" ?
  • Repenser notre rapport à la parentalité, nos choix d'éducation, nos modes de vie, nos rythmes...

Nous organisons petit à petit les formes de cette thématique, tout en laissant le maximum d’espace afin que chaque collectif, ou individu-e puisse venir partager ses propres réflexions, pratiques, luttes.

Par ailleurs, ces rencontres pourront facilement être un moment intéressant et agréable pour les enfants si nous faisons en sorte de :

  • Trouver et organiser avec les enfants un endroit où ils/elles puissent se reposer et jouer. Un endroit paisible, parmi nous, où ils/elles puissent vivre.
  • Regrouper notre matériel pour diverses activités d’enfant pertinentes (théâtre, marionnettes, gravure, autoconstruction d’une aire de jeu...).
  • Laisser ouvert un accès aux discussions, et avancer dans cette dynamique commune de réflexion avec les enfants. Utiliser des formes créatives d’interaction (théâtre forum, marionnettes, jeux, émission de radio, écrits...),
  • Préparer spécialement des ateliers pour présenter des thématiques, partager avec elleux certaines de nos pratiques...
  • Trouver et promouvoir des outils d’auto-organisation et leur permettre autant qu’ils/elles le souhaitent de partager notre organisation (assemblées, cuisine, construction, communication...).

Nous souhaitons aussi pouvoir faciliter l’accès et la disponibilité de femmes seules avec enfant qui font souvent face à des difficultés spécifiques.

Enfin, l’organisation de telles rencontres ne peut être l’affaire de quelques un-e-s. Il est possible de nous rejoindre vite dans cette aventure. Vous êtes, notamment, les bienvenu-es tout le mois d’août (06) pour de nouvelles propositions, construire les structures d’accueil (dômes, chiottes secs, les douches, les abri-soleils, les espaces cuisines) nécessaires pour recevoir tout ce beau monde rebelle !

Quelques contributions et infos faciles à trouver

À propos de déscolarisation/unschooling

À propos du contrôle social et de l'enfermement des mineurs

Quelques groupes en lutte

  • Collectif de jeunes qui se battent pour l'égalité des jeunes et des adultes en Allemagne : Krätzä(KinderRÄchTsZÄnker)

  • Asfar (Americans for a Society Free from Age Restrictions)

  • ACS (Association for Children Suffrage)

  • Youthspeak

Et encore...

***: textes disponibles au KiOsk !


Texte de J.à propos de l'utilisation du mot âgisme sur la page du wiki et sur le texte invitant aux rencontres AMP en Aveyron en août 2006

Est-ce que ça vous va, cet en-tête "enfants et âgisme" sur le wiki ?

Moi pas trop. L'âgisme, c'est une question qu'on va discuter. On ne s'est pas arrêté dessus. Je trouve qu'on ne l'a pas assez abordée pour la survaloriser ainsi.

Les questions de transmission des savoirs et des normes (pour ne pas dire "d'éducation") me paraissent plus importantes dans ce qu'on a échangé que la notion d'âgisme.

On parlera de l'âgisme mais c'est une notion (on dirait comme le racisme pour les Black Panthers) qui m'intéresse pour l'observer, par pour l'éradiquer : je suis raciste quand je porte plus d'attention et de délicatesse à unE arabE qu'à un gaulois et ça m'arrive souvent, âgiste quand j'évite de laisser un enfant de 4 ans devant un film de guerre ou un porno suédois, sexiste quand je porte attention aux difficultés spécifiques d'une femme seule avec enfants.

Dites-moi, hein, si ce que j'écris vous parait vraiment con. J'ai pas envie de trop faire semblant de savoir, ni de toujours faire semblant qu'on est d'accord et qu'on partage le même background.

(...)

Dans le même ordre d'idées, le texte de Catherine Baker c'est une base de discussion, pas ze Baïbeul, si ?

Parce qu'il y a d'autres personnes, d'autres cultures pour lesquelles l'émancipation et la réalisation, le collectif aussi, passent par une définition très précise, normée, étanche des rôles, des fonctions, des âges (des genres aussi). Est-ce qu'on décide que c'est mal ou est-ce qu'on essaye de le lire avec au moins curiosité et intérêt ?

C'est possible qu'on s'emballe pas sur les gros mots et les -isme "âgisme", "validisme" ? Ce systématisme et ces termes à l'emporte-pièce me paraissent cacher la forêt. En plus, je subodore qu'ils viennent plus d'un effondrement de toutes nos structures collectives et d'un recentrage sur l'individu, que d'une réelle volonté de libération.