Et La Colère , Bordel ?

-Ar:Ce dont je me souviens (avec ma piètre mémoire)

On a parlé de comment Me exprimait ses colères, du fait que c'était assez prenant et que ça pouvait durer longtemps, de la patience de Ma qu'on avait pas tous-tes forcément et que c'était difficile d'être à l'écoute et disponible pour accueillir ses ressentis ou ses demandes quand ça semble impossible d'exprimer les siens (de ressentis) ou de formuler une proposition parceque Me nous hurle dessus chaque fois qu'on essaye.

Que la fois ou Va a criée "mais moi aussi je peux gueuler plus fort !" ça avait au moins permis que Me entende qu'on était pas tous-tes d'une super patience avec les nerfs bien stables et qu'il pouvait rencontrer différentes réactions face à ses colères. Mais bon après ça allait pas forcément mieux et Va ne se sentait pas non plus très bien...

On s'est demandé si c'était possible de "rester à l'écoute, dispo et tout" dans un d'environnement ou une société où c'est pas vraiment la norme bien au contraire.

J'avais l'impression de pas pouvoir être "moi-même" ni de pouvoir m'exprimer librement auprès de Me du fait de sa tendance à hurler quand on s'approche, de réclamer Ma coûte que coûte et de prendre au tragique des situations que je peux trouver rigolote. Ma a parlée de ces gens qui ont peur de laisser exprimer leur colère, peur qu'elle soit destructrice, impossible à vivre... entre autre parce qu'on les a jamais laissé s'exprimer, qu'ils ont jamais été écoutés. Comme c'est mon cas je me suis demandé s'il y avait pas une raison sociale plus profonde au fait que la colère et la tristesse soit des sentiments peu tolérés voir tabous.

Avec la colère j'ai l'impression que ça m'a plutôt été utile d'apprendre à "taper à coté" en citant cet exemple d'un père cancéreux et violent avec ses enfants qui s'est "sauvé" de son cancer et à "sauvé" ses enfants de sa violence en tapant sur un matelas avec une raquette pour se défouler. Y en a qui se sont sentis mieux en allant crier dans la forêt...

J'ai appris à me calmer en jouant de la guitare ou du piano et j'ai souvent l'impression que l'écriture me soigne mes souffrances difficilement partageables dans la "vraie vie"...

Mais des fois justement le besoin se fait sentir de partager ses ressentis avec d'autres c'est là qu'il vaut mieux éviter que ce soit blessant ou dangereux pour qui que ce soit...

  • - Ma: je rajoute un truc que je pense avoir dit, et que sinon, j'ai quand même envie de dire...
    • c'est que par exemple, si on est face à quelqu'un qui a compris que la colère et tout ce qui se dit/s'exprime quand elle se vit n'a pas à voir avec la personne qui reçoit, alors elle ne peut pas être blessante.
    • la colère des gens ne me fait pas peur, j'ai trop conscience de la souffrance, du chagrin qui se cache derrière. du coup, c'est assez rare que je me sente blessée quand je reçois une colère, et de toutes façons, si je me sens blessée, je sais que je peux le mettre de côté pour l'exprimer plus tard, faire que ce ne devienne pas de l'escalade de colère en ping pong, et que plus tard, je pourrais exprimer mon chagrin. parfois la colère de l'autre peut faire rejaillir mon chagrin. d'ailleurs quand Va a exprimé son ras-le-bol (et pour cause, Me avait balancé son bol de chocolat chaud), je me suis mise à l'écart avec Me, et je me suis sentie comme petite quand on me gueulait dessus, et j'ai laissé couler quelques larmes, assez douces finalement, mais cela ne m'a pas donné de colère, et j'étais bien à l'aise avec ce qui venait de se passer, car je comprenais bien que chacun avait besoin d'exprimer ce qu'il vivait...
    • mais en tous cas, quand on peut accueillir la colère de quelqu'un vraiment, c'est vraiment chouette de pouvoir accéder au chagrin derrière qui peut du coup sortir et parfois se résoudre, et c'est un beau cadeau à offrir, je trouve.....,

-Ar:Pour moi l'émeute reste un beau moment d'expression de la colère partagée. Elle est généralement orientée vers des symboles plus que vers des personnes, mais elle est aussi dangereuse et ne préserve pas de la souffrance.

  • - Ma:et surtout, je trouve, le chagrin reste tabou et jamais ? rarement visibilisé/exprimé...

    • ????

- Ar: Donc je trouvais ça pas mal d'apprendre à s'exprimer sans faire mal aux autres ou sans les tyranniser.

  • -Ma:j'ai du mal avec cette idée de tyrannie, parce que poser ce mot implique de juger, d'évaluer ce que vit l'autre... et moi, je ne sais pas par exemple, ce qui se passe dans la tête et dans la vie de Me... parler de tyrannie au sujet de ses colères... ???? et pourquoi est-ce que ce ne serait pas de la tyrannie de vouloir lui faire respecter mes limites quand il est dans la souffrance ? (...)La tyrannie n'a-t-elle pas un peu à voir avec une volonté consciente d'exercer du pouvoir sur quelqu'un ?

si oui, alors ni la personne dans la colère ni celle qui est restreinte par ses limites de patience ou par ses limites émotionnelles (je pense que c'est surtout cela qui est en jeu...) ne sont dans la tyrannie, à mon avis. juste, on essaye de faire du mieux qu'on peut avec ce qu'on a/vit.... nos armes maladroites, nos besoins si peu comblés ou entendus, nos blessures rarement pansées... bon, ça a l'air triste, là ma phrase, mais en vrai, tout ça c'est la vie, non ? :-)

  • (...)La vie a l'air d'être difficile pour Me en ce moment. et hier je parlais d'une copine (...) qui a passé la plus grande partie de sa grossesse (elle doit accoucher dans quelques jours) à pleurer, et que pour le bébé, bonjour ! bienvenue dans la vie !

et ça m'a rappelé tous les moments difficiles que j'ai traversés pendant la grossesse de Me, et toutes les larmes que j'ai versées pendant... il peut être beaucoup en colère peut être aussi...,

et concernant l'apprentissage dont tu parles, Ar, oui, je crois qu'on peut apprendre à s'exprimer sans blesser. je préfère les apprentissages qui se fondent sur le partage et l'imitation que sur la contrainte ou la peur... c'est pourquoi oui, je fais des efforts de ce que tu appelles "patience" ;-)

-Ar:Et c'est peut-être un alibi à mon impatience , je dis parfois à El que moi j'ai besoin qu'il me dise "clairement" ce qu'il veut (quand c'est possible) sinon je vois pas comment l'aider... Au final je passe beaucoup de temps à lui demander "mais dit moi ce qui va pas ?" au lieu de décoder les signaux non-verbaux qu'il m'envoie... (Hum...)

On a parlé aussi de co-écoute et d'autres trucs que je m'en rappel plus dans l'immédiat...