Compte-rendu de l'atelier « Grossesse / Naissance »

Animé par I. et C. - Rencontres AMP, août 2006, Limousin


Nous sommes accueilli-e-s dans la hutte par I. et C., deux personnes proches des mouvements Doulas (« servante » en grec antique) et Ama ( « mère »). Les Doulas sont des accompagnatrices à la naissance (soutien, massage, aide au quotidien...) mais n'ont aucune appartenance médicale, à l'inverse des sages-femmes. Nous sommes plutôt des filles, un garçon parmi nous.

Elles présentent la matinée sous les thèmes forts : sur-MÉDICALISATION de la grossesse et de la naissance sur-PRISE EN CHARGE du rôle de la future mère, puis de l'enfant question du DROIT de la patiente (autonomie du/de la patient-e face à la santé et au corps médical négligé, non informé...) Pour exemple, aucune échographie ni prise de sang n'est obligatoire, les femmes peuvent aussi refuser le toucher vaginal systématique et souvent intrusif. La déclaration de grossesse n'est pas obligatoire, ce n'est qu'une formalité pour obtenir entre autres les allocations CAF, les sept visites obligatoires peuvent être effectuées par la sage-femme ...

Le choix de l'accouchement à DOMICILE : souvent la pression sociale et médicale sur ce désir semble décourager les parents pour leur première grossesse. Une pression que la radicalité du choix aide à dépasser : entendre ce que l'on désire, se faire confiance, permet la non sur-PROTECTION inutile des cliniques et hôpitaux : ne pas manger, ne pas aller aux toilettes ou au bain... permet aussi de se poser la question de la POSITION ; celle allongée (pratiquée en clinique et hôpital) est remise en question : la position assise est beaucoup plus naturelle pour la sortie de l'enfant et pour le travail de la mère. Cette position permet aussi au compagnon d'accompagner le corps de la femme, de le porter, le toucher... Cette position annule alors tout comportement « manipulateur » des médecins lors des accouchement classiques, ici l'enfant sort seul ! Permet d'être chez soi, aux sensations des ses couleurs, ses odeurs... de dormir ensemble, à trois, l'enfant, la mère, le père... pas de séparation brutale et inutile avec son entourage et cette naissance. D'être avec l'intime. Permet de retrouver l'auto prise en charge de sa grossesse

Le choix de l'accouchement à domicile entre aussi dans une DÉMARCHE de partage et de rencontre avec soi : prendre conscience que l'enfant nous raconte aussi sur notre grossesse, prendre connaissance des différentes approches à trois au travers de l'haptonomie, par exemple prendre également considération de « l'accouchement » du placenta, prendre le temps de la parole, évoquer ses peurs et ses espoirs avec l'accompagnatrice de cette aventure, et puis aussi entre elle et le compagnon.

Lors de cette matinée, deux questionnements ouvrent la réflexion vers d'autres pensées, à suivre :

  • l'accompagnement à la naissance « non-assisté », c'est à dire que les parents sont seuls lors de l'accouchement. Cette pratique est un droit mais qui complique parfois la suite, pour exemple, lors de la déclaration d'une naissance, la gendarmerie a été contactée pour embarquer toute la famille afin de contrôler que tout allait bien.
  • L'accompagnement d'une grossesse qui n'irait pas à terme (ici l'IVG est le départ de la discussion) : nous ne la prenons pas en compte ! Ni comme un temps essentiel qui existe aussi pour le corps de la femme et de l'homme ; ni comme un moment qui déplace parfois... : lors de l'IVG, le compagnon n'a pas le droit d'être présent ; lors de l'échographie de « datation » on ne propose pas d'expliquer ce qui est vu. Cette démarche de non information est présente lors de tout le processus de préparation à l'IVG . l'anesthésiste t'encourage à l'anesthésie totale pendant l'intervention, comme ça, ni vu ni connu, tu entres et tu sors, sans vivre ce que tu traverses ; tout au long de ces rendez-vous, tu es considérée comme une patiente ayant une maladie à résoudre et à résoudre vite. Tout est affaire de technicité.

L'IVG à domicile est une pratique interdite ; socialement, on ne se retrouve pas autour de cet acte

La femme et l'homme ne peuvent considérer ce qui leur arrive que si il et elle sont déjà dans une démarche de conscientisation du temps présent. Que si il et elle souhaitent vivre entièrement ce que leur souffle cette fertilité.

C'est comme si une interruption de grossesse n'était pas pensée autour d'un projet de vie, d'un projet qui modifie souvent là où l'on se trouve. Une grossesse, même interrompue, doit trouver sa place le temps de son existence, qu'elle que soit cette durée d'existence. Prendre en compte ce qui arrive, ce qui est là pour nous dire ce qui ne l'est pas.