Histoire d’Ecole

Article issu de la revue Nous Autres

Dérives autour de l’éducation

Ce texte se propose d’élaborer quelques questionnements autour de l’école, de l’éducation, de la place des enfants dans nos vies, à partir d’expériences et d’interrogations personnelles. La question scolaire a été récemment soulevée dans une autre revue, le Sabot * : un entretien avec des enseignants Freinet et un article de réflexion interrogent les liens entre la pédagogie et la politique, du point de vue de l’émancipation. Ici, il s’agit plutôt de voir dans quelle mesure on peut imaginer nos propres structures pour s’occuper des enfants : créer des lieux pour enfants où s’inventent d’autres rapports que ceux imposés par les écoles de l’Éducation Nationale, et à quelles limites on peut se trouver confrontés dans ces tentatives. Récit d’un parcours à la première personne, forme volontairement choisie pour insister sur le fait que dans ces réflexions, on tâtonne, on cherche, au gré des rencontres et des opportunités. Ce texte cherche donc surtout à ré-ouvrir un débat, creuser une thématique, qui pourront peut-être se nourrir de nouveaux apports dans les prochains numéros de Nous Autres.

On peut se poser la question « quelle école choisir ? », pour ses enfants, en tant que parents. École publique, privée, associative, parentale, parallèle, alternative...

On peut se demander dans quelle école « travailler », en s’imaginant instit.

On a tous été plus ou moins longtemps à l’école. On peut interroger la place de l’école dans la société. Tenter de mener des luttes de l’intérieur, à l’intérieur, pour ne pas laisser l’éducation des enfants totalement aux mains des héritiers de ceux qui l’ont mise en place en tant que « système ».

  • On peut encore, plus radicalement, hésiter entre « école » ou « pas école », pour ses enfants, ou ceux de la « communauté » de potes, de camarades.

Et il y a le problème de la « garde » des enfants. Celui du temps « libéré » pour les parents. Celui de la transmission de savoirs et de savoir-faire. Celui de la « socialisation » des enfants. Ou encore de la confrontation avec d’autres adultes. Et de la sortie de la famille... On voudrait tous le meilleur pour ses enfants, pour les enfants. Pour leur avenir — quel avenir ?!

Après les grèves de la sncf, celles qui touchent le monde de l’éducation sont eut-être les plus régulières. Ou celles dont on entend peut-être le plus parler. Il y a toujours une petite réforme qui traine dans les tiroirs du ministère pour faire sortir le temps d’une journée les profs et/ou les élèves de l’école, le temps d’une joyeuse déambulation syndicale, avec drapeaux et slogans « De l’argent pour nos enfants », « Ducon, ta réforme, on n’en veut pas ». Quoiqu’on puisse saluer la réactivité (ponctuelle) de ceux et celles qui passent tant de temps à l’intérieur des murs d’une classe, on ne peut dire que les mouvements « sociaux » du monde de l’éducation cherchent à remettre en cause, en profondeur, le rôle de l’école, le fonctionnement des institutions scolaires, ce à quoi elles servent, quel monde elles entretiennent. Sauf dans quelques rares cas, comme lors des derniers mouvements lycéens de 2005 ou cpe de 2006, où l’on a pu voir émerger, de temps à autre, par les actes et dans les discours, une ébauche de perturbation réelle et de remise en cause fondamentale de ce que l’école fait de nous, de la place de cette institution dans le maintien et le renforcement du « système ».

Ces réflexions « radicales », qui s’en prendraient au rôle de l’école dans la société, ne se manifestent souvent que de manière marginale lors de certains de ces mouvements sociaux. Le reste du temps, elles sont cantonnées dans les milieux politiques « radicaux », à être l’objet de discussions de quelques petits sous-groupes qui ne veulent pas laisser de côté la question des enfants, de ce qu’on leur transmet, ou des institutions sur lesquelles on s’en décharge. Objet de discussion, donc, et d’écriture, aussi. Il y a toujours quelques petites brochures qui traînent dans le fond des infokiosk, brûle ton école, car les maîtres sont ignorants, et les enfants d’abord. Bref, on peut toujours réfléchir et rêver un peu. Mais lorsqu’on est confronté à devoir trouver des solutions pour ses enfants, ou les enfants qui nous entourent, on s’avoue souvent bien démuni. On se retrouve à n’avoir guère d’autres choix que la crèche, puis l’école. Comme tout le monde. Et puis parce qu’on y a tous été, et qu’on n’en est pas mort. Que ce petit, il s’y fera bien comme on s’y est fait. Et puis qu’il va y faire ses armes.

Oui, mais. Bon, on a tous plus ou moins des souvenirs assez traumatisants de l’école. Le réveil qui sursaute tous les matins, le ptit dèj en speed, huit heures par jour coincés entre une chaise et un bureau, à guetter la sonnerie de fin des cours, puis la galère des devoirs. Cinq jours par semaine à attendre le week-end. Des semaines et des semaines à attendre les vacances. La boule dans le ventre la veille de la rentrée. Et puis le stress des exams, les contrôles, les concours, les humiliations.

Cela au moins une bonne grosse dizaine d’années dans notre plus tendre enfance, quand ce n’est pas le double.

Qui de nous, honnêtement, se sentirait de repasser par là ?

On peut tenter de s’organiser, plus ou moins collectivement, pour éviter l’usine, ne pas s’engouffrer dans la grande machinerie du travail salarié. On bricole, on essaie de cumuler Rmi, chômage, petits boulots au black, à droite et à gauche, pour garder un peu de maîtrise sur nos vies, pour ne pas retomber dans la machine qui nous enchaine pour des années et des années, avec juste le week-end et quelques semaines de vacances pour reprendre du souffle, et s’occuper de nos vies.

Alors peut-on clamer que, passés les neuf mois de ventres arrondis, lorsque la question de « qu’est ce qu’on va faire de nos mômes ? » se pose, c’est sans scrupule et le cœur léger qu’on les refourgue, d’abord à la crèche, puis à l’école, se retrouvant nous-mêmes de nouveau embarqués dans les horaires à respecter, avec le « calendrier scolaire », les devoirs à surveiller, les cahiers à signer, les punitions à dédramatiser ?

Les espaces pour discuter réellement de cela restent rares. Il est difficile d’articuler un discours politique conséquent sur la question. Car souvent l’on reste coincé entre son propre vécu de l’école, le désir d’avoir du « temps pour soi » (en tant que parents ou personnes vivant avec des enfants), la difficulté d’élaborer collectivement des solutions pour s’occuper des enfants, ce que l’on veut ou ne veut pas pour « son » enfant, et ce que l’on souhaiterait pour les enfants. Parfois bloqués entre des positions qui se voudraient « radicales » vis-à-vis de l’école, et la tendance « alternative » (qui ne prend pas en charge du tout la question politique) de tout ce que l’on pourrait imaginer, en attendant le bouleversement.

Alors souvent, concrètement, on ne fait rien. Et les enfants vont à l’école. On préfère ne pas s’affronter au problème. Ou bien on ne s’aventure même pas à élaborer une critique profonde de l’école, car on sait que dans les faits, on y revient toujours. Pour ses enfants. Et nous-mêmes, si jamais l’on veut « travailler » auprès des enfants.

Tous les questionnements que je jette ici en vrac me retournent les tripes depuis bien longtemps. Par rapport à ce que je veux faire de et dans ma vie, pour les enfants de mes potes, pour les enfants que je voudrais avoir, pour les enfants. Ce sont ces questionnements, peut-être le plus, qui m’ont amenée à la politique, qui m’ont conduite à interroger fondamentalement le monde qui nous entoure et à m’engager dans les luttes.

Enfant, je rêvais d’être « maîtresse », malgré un regard critique vis-à-vis de l’école entretenu au sein de l’univers dans lequel je grandis. Je passe moi-même par différentes écoles. Plus tard, je commence d’abord par me détourner de l’idée de travailler dans le « public », pour l’Éducation nationale, et j’envisage plutôt les écoles parallèles. Découvertes, expériences et réflexions autour de pédagogies différentes. Montessori, Freinet, Steiner... Je me dis qu’il y en aura bien une qui me conviendra mieux que les autres, que je travaillerai dans une de ces écoles. Ou bien que je la « ferai ».

J’ai toujours eu le sentiment que si l’on veut inverser le cours des choses, il faut commencer à la base. Les enfants. Tout recommencer à zéro. Que l’école n’est pas neutre dans le maintien du monde qu’on nous impose. Pas de révolution sans commencer par interroger la catégorie de l’enfance, sans se questionner sur ce qu’on fait des enfants dans notre monde, sans vouloir révolutionner notre rapport aux enfants et les institutions qui les prennent en charge.

Un an d’enseignement « bénévole » dans une école, au Népal, me vaccine provisoirement contre une carrière de prof. J’y vais faire une des seules choses que l’école m’a apprise : « enseigner ». Le plus simple, le français. Lorsque je me lance dans l’aventure, je ne me questionne pas trop sur le sens de tout cela. L’association qui m’envoie m’explique qu’au Népal, maintenant, dans la plupart des écoles, les enfants, en plus du népali, apprennent l’anglais. Le secteur économique qui fait marcher le pays, c’est le tourisme. Le principal débouché, en terme d’emploi, est donc l’accueil et la prise en charge des touristes, d’où l’intérêt pour les langues étrangères. Puisque l’anglais est enseigné dès l’école primaire, la plupart des jeunes qui arrivent sur le marché du travail (si tant est que cette expression ait du sens dans l’organisation sociale du Népal…) en maîtrisent quelques rudiments. En revanche, les autres langues des touristes, comme l’allemand, le français, le japonais, s’enseignent dans des instituts de langue privés très coûteux.

Leur maîtrise est devenue un facteur décisif pour le recrutement dans les métiers du tourisme, alors qu’elles ne sont accessibles qu’aux hautes castes aisées de la société népalaise. La volonté de proposer le français aux élèves de l’école s’inscrivait donc dans une démarche de « démocratisation » de l’apprentissage des langues étrangères. Donner les mêmes chances à tout le monde, la chance de trouver un travail. Je n’entrevois pas tout de suite qu’à mon échelle, je m’inscris dans la formation d’une génération aux métiers du tourisme.

Une fois sur place, très vite, j’ai la nausée. Impression de participer à l'œuvre civilisatrice des petits sauvages sous-développés, d’être confrontée à des difficultés insolubles de l’intérieur. Je sens l’horreur de l’école. Je la vois, sous mes yeux, tandis que je continue, en tentant « le moins pire ». Je rêve de rendre la liberté à ces enfants, qu’ils puissent de nouveau courir dans les rizières, faire des bêtises et apprendre de la vie, plutôt que d’être parqués dans des boxes à chevaux six heures durant, entassés sur des bancs minuscules, à réciter tant bien que mal des leçons par peur du coup de bâton (et là-bas, ce n’est pas encore devenu une expression), à enregistrer des connaissances, une histoire, qui n’ont pas de sens pour leur vie.

L’école « nationale » s’est immiscée jusque dans les communautés montagnardes les plus reculées, dans les trente dernières années. Pour apprendre le népali à tout le monde. Pour que tous les « citoyens » de ce petit pays partagent la même langue. On voit surgir, dans des villages à 4000 mètres d’altitude, sur les contreforts de l’Everest, au milieu des maisons en terre et des troupeaux de yaks, des bâtiments aux fenêtres grillagées, avec des mômes en uniformes poussiéreux cloîtrés à l’intérieur. « Les mêmes chances pour tous ».

« L’éducation pour un avenir meilleur ». On les destine à devenir sherpa, guides pour touristes, business man ratés ou secrétaires dans une administration. Et cela, pour les plus chanceux. Les autres iront surtout grossir les populations des bidonvilles de la capitale, ou (mieux ?) émigrer, rejoindre l’occidental dream dessiné à la craie sur les tableaux noirs de l’école, pour devenir sanspap et esclaves des métropoles de l’Ouest « développé ». En attendant, on leur construit de faux rêves, on colonise leurs imaginaires, on les arrache à leur communauté, on les prépare doucement à intégrer le marché du travail.

Je ne supporte pas ce dans quoi j’ai mis les pieds. J’apprends beaucoup de cette aventure. Mais quand je rentre, on ne peut plus me réconcilier avec l’école. J’abandonne alors toute idée de formation dans le domaine de l’éducation. Je ne vois même plus le sens d’une école parallèle. Je m’engage alors dans des projets politiques, collectifs, « totaux », qui nous prennent complètement. Je tente de prendre part à la construction de résistances actives à un monde qui ne me convient pas. Je pense l’importance de tout mêler, d’être cohérent. De ne pas se compromettre. De former un « tout », justement pour combattre un monde qui sépare, qui cloisonne, qui individualise. Vie privée/vie publique.

Travail/famille. Boulot/action militante. Subsistance/vacances. Amis, collègues, proches, amants, parents. Contre ce monde, je me dis qu’il faut faire tomber ces séparations tout de suite maintenant, et totalement.

Dans ces mondes de luttes, je réalise petit à petit qu’il y a peu de place pour les enfants. D’abord, autour de moi, on est des groupes de jeunes sans enfant. Plus tard, on rencontre des camarades qui sont aussi parents. Mais souvent, les enfants sont à la crèche, à l’école, en vacances chez les grands-parents.

Nos lieux de vie (squats et colocs surpeuplés) ne sont guère habitables pour les enfants. Nos rythmes, encore moins. Dans les réu, ça dérange. Dans les manifs, c’est dangereux. On peut bien en parler. Se dire qu’on aimerait lutter et vivre avec des enfants, des grands-mères et des gens en béquilles ; mais concrètement, on reste entre jeunes (et moins jeunes) hyper actifs et hyper valides. Tout en s’inscrivant dans des luttes « globales », on essaye de prendre en main notre vie quotidienne, de jouer avec les institutions tout en essayant de se débrouiller au maximum pour ne pas avoir besoin d’elles de manière vitale. On part aussi de nos problématiques quotidiennes pour activer des luttes politiques (le logement, par exemple). Mais les enfants dans tout ça ? Et l’école ? Cela nous fait un peu peur. Pourtant, à y bien regarder, pour pas mal d’entre nous, c’est dans des mouvements étudiants que l’on s’est rencontrés, au départ. Il y a donc eu réaction par rapport à l’institution scolaire. Et puis on a un peu abandonné ce champ d’action.

Moi, je sens l’importance de faire le lien entre ce truc banal, « s’occuper des enfants », et notre rapport au monde, nos envies de bouleversement. Qu’il n’y ait pas d’un côté les idées politiques, parfois la lutte, et de l’autre le quotidien, désincarné, où l’on s’occupe des enfants comme on peut, où l’on habite comme on peut, etc.

Petite histoire d’une tentative en cours

ARIÈGE. Sortie de la ville. Quelques années plus tard. Je suis « à la campagne ». Il y a plein d’enfants autour de moi, parmi les potes. Qui sont trop jeunes pour aller à l’école. Ou simplement qui n’y vont pas. Il y a des amis, « non-parents », comme moi, qui ont du temps et l’envie de construire des choses avec les enfants. Et il y a des parents, qui parfois ne veulent pas n’avoir que l’école comme solution de garderie, le temps de souffler, boire un coup avec les copains, écrire un livre, faire de la peinture, du théâtre ou un peu de mécanique.

Du coup, il faut bien imaginer quelque chose. École parallèle, crèche parentale, garderie associative ? Après de nombreuses et riches discussions avec A. , on a décidé de commencer modestement, partir de notre réalité, de nos besoins. Elle, mère d’un enfant de deux ans, et qui ne vit plus dans un grand collectif avec plein d’enfants autour. Moi qui ai du temps et l’envie qu’on organise quelque chose autour des enfants. On imagine une journée par semaine où deuxtrois « adultes » prendraient les mômes en charge (les petits qui sont encore trop jeunes pour l’école, et les plus grands qui ne sont pas scolarisés, les « non-sco »). On pourrait organiser des petites activités à la maison, ou bien faire une ballade à dos d’ânes, visiter le voisin paysan, ou encore faire un jardin potager ensemble. C’était l’idée.

Pour ne pas rester « entre soi », juste les potes et leurs mômes, on a commencé à en parler un peu autour de nous. Très vite, des familles, rencontrées ici et là, se disent hyper motivées. Deux, trois, quatre couples, ou mères (pas de père seul, héhé..) veulent se lancer dans l’aventure. Ils ont un, deux, trois enfants, souvent jeunes (au début le plus grand a 6 ans) qui ne sont pas scolarisés. Première rencontre pour discuter de nos envies, de nos besoins, des idées. Enthousiasme, on partage un peu. Puis déjà, la tête en vrac : on commence à peine à imaginer quelque chose, à se rencontrer autour de préoccupations communes, que l’on sent que ça ne va pas être simple. Des idées tellement arrêtées de part et d’autre, des projections tellement réfléchies, des appréhensions tellement ancrées, des déceptions qui s’achèvent par des « jamais plus », qu’il n’est pas si simple de mettre beaucoup en commun. Ce qui rassemble la plupart de ces gens, c’est le fait de ne pas mettre les enfants à la crèche ou à l’école. Ce qui est finalement décidé, c’est que les gens se retrouveront tous les vendredis, parents et enfants ensemble. Pour partager la journée, des activités, des discussions. Au fond ce que l’on voit, c’est que les gens, qui ne mettent pas leurs enfants dans les « structures institutionnelles de garde », se retrouvent un peu seuls en tant que parents face à leurs enfants, et qu’ils cherchent avant tout à « socialiser » le temps passé avec les enfants. Les « journées enfants » se mettent en place ; on veut aussi réfléchir, discuter ensemble à notre rapport aux enfants. Auberge espagnole pour le déjeuner, puis selon le lieu, le temps, activités manuelles, cuisine, rando, jeux, etc.

Je remarque que ce n’est pas facile de trouver sa place en tant que « non-parent ». Tous les gens insistent chaleureusement sur l’importance qu’ils trouvent à ce que leurs enfants soient aussi confrontés à d’autres adultes. Mais, par exemple, les présentations en début de réu pour se mettre en route, c’était « bonjour, je suis la maman, le papa de..». Et moi je dis, « bonjour, je suis ni mère, ni père..mais je suis intéressée par l’histoire, pour telle et telle raison..» et j’essaye d’expliquer pourquoi je suis là. Je sens que ma présence est curieuse. J’ai même pu sentir parfois une sorte de méfiance, car je serais une espèce d’instit en puissance. Et pour certains, il n’est pas question que ces journées soient comme une expérience pour ensuite aller vers des choses plus organisées, une école ou une crèche alternatives par exemple. Car une école reste une école, et l’école, c’est la prison. Quelle qu’elle soit, publique, parallèle, différente, associative... Presque, ça ne se discute pas. Il n’y a pas d’alternative. Pas de concession. ( Je retrouve mon « radicalisme » braqué de mon retour du Népal). Donc je comprends.

Mais je vois les choses différemment aujourd’hui. On en fait quoi alors des mômes ? J’entends le rêve de la petite communauté qui vivrait en harmonie en haut de la colline, avec les « adultes » qui intègrent complètement les enfants dans leur vie. Ou les enfants qui s’adaptent complètement à celle des adultes. Les grands et les petits qui font ensemble. Le pain, traire les chèvres, compter les graines, tenir la caisse au bar « prix libre » lors de la teuf, écrire le tract. Bref, on apprend, on vit, on apprend de la vie, on fait ensemble, on échange, on partage. C’est cool. Les lieux collectifs, c’est chouette, mais ça ne convient pas à tout le monde. Après différentes expériences, je vois le besoin et l’importance de ne pas s’oublier dans le tout, de ne pas s’annuler en tant qu’individu-e dans le groupe. Que la forme de vie « totale » n’est pas une fin en soi, n’est pas un modèle. Qu’elle peut nous épuiser, nous couper du monde, des réalités. Nous couper de ce monde dans lequel justement on cherche tant à intervenir, pour bouleverser ce qui ne convient pas. Et puis ça tient rarement de nombreuses années durant. Je veux dire, ça va, ça vient. On ne peut pas tout tabler en fonction de cela. Mélanger les âges, tout déconstruire, c’est intéressant. Mais il reste des parents, des « grands », qui ont envie de ne pas avoir les mômes toujours dans les pattes. Il reste des jours où on voudrait bien voir tous les enfants éjectés à l’école. Où « l’efficacité » (hum hum) de l’action à réaliser ne laisse pas la place à la transmission de savoirs, à la prise en compte des différentes capacités. On peut vouloir que ses enfants, les enfants qui vivent sur un lieu collectif voient le reste du monde. Se mélangent avec le monde. Qu’ils apprennent d’ailleurs. De l’ailleurs. Et que nous-mêmes on peut vouloir ne pas tout faire avec les gens du lieu collectif. Bref, je crois qu’on peut penser des choses plus intermédiaires, qui permettent à des gens de différents horizons, pris dans différentes réalités, de se croiser, de faire ensembles.

Cette réaction un peu « extrême » de méfiance vis-à-vis de toute tentative de s’organiser un peu plus concrètement autour de la « garde » des enfants n’émane pas de tous les gens rencontrés autour de ces journées. Toujours est-il que je ne me sens pas toujours légitime à parler ou surtout à exprimer un désaccord, car moi « je ne suis pas parent ». Et là, dans ce cadre, je ne saisis plus trop le sens, l’intérêt de ces rencontres (pour moi). D’ailleurs, rapidement, l’autre personne « non-parent » et moi, on va être moins présentes à ces rencontres. On se sent un peu inutiles. Les discussions tournent quand même pas mal autour des difficultés rencontrées au quotidien avec les enfants. Nous, on se disait que c’était intéressant de « dégager du temps » pour les parents. Et parce qu’on aime bien s’amuser avec les enfants.

Et parce que moi je me sens en confiance d’avoir des enfants un jour si je sais qu’il existe des solutions diverses pour que je puisse continuer à faire pleins d’autres choses, sans être forcément contrainte de recourir à la crèche ou l’école. On peut se retrouver un peu désappointées face à des parents qui investissent tellement l’idée d’assumer leurs enfants, que même quand on leur propose des « supers baby-sittings » gratuits, ils ne s’emparent pas de l’occasion.

Aussi, je vois rapidement comment on tend à constituer un groupe à l’identité « non-sco » (enfants non-scolarisés), ce que A. et moi, on voulait absolument éviter dès le départ. Les autres personnes qui ont des enfants mais qui les mettent à l’école, qui pourraient quand même être intéressées par partager ces journées de temps à autres, se sentent un peu mal à l’aise, ou exclues de fait. Elles parlent de nous comme du « groupe non-sco ». Je me pose la question de l’intérêt de ce regroupement. Le fait de mettre ou pas ses enfants à l’école ne détermine pas une « communauté politique », ne présuppose pas que l’on a beaucoup à partager. Au final, on suit moins régulièrement ces journées enfants, car on n’y trouve pas complètement notre place. Mais c’est chouette, des familles « non-sco » se sont rencontrées, peuvent échanger sur leurs problématiques, sortent d’un certain isolement. La dynamique a pris. Et pourrait s’élargir.

Quand l’une d’entre nous annonce qu’elle va commencer à mettre son enfant à la garderie, car pour différentes raisons, elle ne peut le garder tous les jours avec elle, et que cette décision, elle la vit moyennement bien, là on se dit qu’il est quand même urgent et nécessaire qu’on reprenne ce projet de départ, pour dégager du temps aux parents. Alors, en parallèle des journées du vendredi, on décide de mettre en place des journées de « garde partagée » ou d’ « ateliers enfants ». Deux-trois adultes, parents ou non, une dizaine de mômes. Ce qu’on avait voulu impulser au départ, finalement. Pour l’instant, c’est le mardi et le mercredi. Le deuxième jour, c’est volontairement pour mixer les « sco » et les « non-sco. »

Finalement, certaines familles de la journée du vendredi participent aussi à ces ateliers. Et d’autres, encore, rencontrées en cours de route. Pour l’instant, cela se passe chez les uns, chez les autres. Avec peut-être l’idée d’investir un local pour qu’il y ait un lieu spécifique dédié à ces activités. Que les enfants puissent se l’approprier. Que cela soit séparé des habitats « privés » pour accueillir plus facilement des nouveaux gens, pour être plus visibles. Jusqu’à aujourd’hui, on n’a pas défini d’objectifs proprement éducatifs, de savoir à acquérir. Le « faire » et « vivre ensemble » sont travaillés au sein de différentes activités proposées qui varient selon les envies, les inspirations des enfants et des adultes qui les accompagnent ce jour-là. La dynamique a pris récemment, et est encore bien fragile. On ne s’est pas encore donné le temps de poser un discours sur le « fond » de cette initiative. Il serait intéressant d’accompagner ces journées de moments de discussion pour approfondir la question, questionner nos pratiques, tenter de définir vers où l’on va. Aussi peut-être de tenter, à partir de cela, de prendre une place dans les débats sur l’éducation, les enfants, de réfléchir et intervenir sur les problèmes liés à ces questions qui dépassent notre réalité locale (la biométrie à l’école, les fichiers base-élèves, les inspections obligatoires des enfants non-scolarisés... ).

Hésitations en cours

Ces dynamiques sont et restent des tentatives à l’échelle micro-locale pour tenter de répondre à ces questions : quels moyens on se donne pour que l’on puisse choisir, éventuellement, de mettre ou pas ses enfants à la crèche ou à l’école. Comment faire pour que les parents qui tentent de ne pas recourir aux institutions de garde et d’éducation ne se retrouvent pas isolés, « esclaves » de cette démarche, que ce ne soit pas vécu comme un sacrifice, que ce ne soit pas une responsabilité individuelle ou parentale. Enfin, qu’est-ce que l’on propose pour que les enfants déscolarisés puissent se construire aussi au contact d’autres enfants, qui vont à l’école, et d’autres adultes, que leurs seuls parents.

L’idée de ce texte n’est pas, ici, de développer une critique conséquente de l’école, telle qu’elle a été instituée en tant que système. Pour avancer dans cette critique, on pourrait regarder du côté de l’histoire des différentes institutions éducatives dont on hérite aujourd’hui, remarquer qu’elles ont toujours émané d’organes de pouvoir : religieux, étatiques, politiques. Qu’elles sont le fruit de projections sociétales défi nies. Que si l’on refuse de se laisser guider, contrôler, gérer par des instances extérieures à nous-mêmes, et que l’on tente d’intervenir sur le cours des choses, on ne peut faire l’impasse sur la question scolaire.

Pour autant, prendre en main cette question, en tenant la « déscolarisation » comme cheval de bataille pose question. Penser que la simple « auto-organisation » pour s’occuper des enfants, dans un cadre familial ou collectif, suffi rait ne me semble pas satisfaisant. Cette option tend à sous-entendre qu’il ne s’agirait que de faire les bons choix avec les enfants, d’avoir le courage d’assumer seuls ou à plusieurs les enfants. Je me rends compte qu’il faut réfléchir à comment faire pour que les questionnements autour de son enfant, les tentatives de réfléchir sa relation aux enfants ne soient pas déconnectés des « autres » réflexions politiques, ne soient pas un « à côté » de la politique, ou prennent la place de l’engagement politique. Il y a déjà de nombreux groupes de discussions et de partage qui existent, ici et là, autour du maternage, de l’éducation ou de la nonscolarisation. Sûrement pas assez, penseront les parents qui se sentent isolés, qui ont du mal à trouver les contacts de ces associations ou de ces collectifs.

Mais, plutôt que d’un manque de « groupe de parole » ou d’information (en dehors des institutions spécialisées), qui j’ai l’impression se créent ou se développent un peu partout, on fait peut-être plutôt face à un manque de questionnement politique dans ces espaces. Dès qu’il s’agit de ses enfants, on entre souvent dans un rapport individuel aux choix, comme si ce qui existe autour de nous n’influençait pas en positif ou en négatif ce que l’on va se sentir capable de mettre en place. D’où le sentiment de culpabilisation qui peut survenir très rapidement. Dès que la question des enfants est posée lors de rencontres ou de discussions, j’ai souvent l’impression de revivre les réunions Leche League (Association d’accompagnement à l’allaitement et au maternage) que j’ai vu ma mère organiser des années durant... Ces associations restent un support très précieux pour de nombreuses personnes, mais sont souvent trop spécialisées. N’y aurait-il pas un chemin à trouver entre un désintérêt souvent spectaculaire des milieux politiques pour ces thématiques (tant qu’on arrive à trouver des « baby-sitters » pour que les mômes ne dérangent pas la réu), et une tendance à la dépolitisation à l’extrême des espaces où la question des enfants serait discutée ?

Il me semble important de se demander, quel monde on veut pour nos enfants, pour les enfants, plutôt que de se demander, quel enfant je veux construire, dans ce monde-là (donc, quelle école je choisis, à quel âge je dois le rendre propre, ou introduire l’initiation à la lecture). Ainsi, entre autres, reposer la question sociale de l’école. Cela implique de ne pas abandonner le terrain politique, ou bien de cesser de ne se poser les questions qu’en termes individuels. Il peut être intelligent d’utiliser des couches lavables réutilisables, mais si l’on ne tente pas à un moment, d’une manière ou d’une autre, d’intervenir en se posant les questions politiques nécessaires, sur le désastre en cours, il y a quelque chose de fantaisiste dans la démarche. La difficulté que j’ai rencontrée le plus souvent quand j’ai participé à des discussions autour des enfants, c’est que les échanges se résument rapidement à un « je fais tel choix pour le bien de mon enfant », « je ne le mets pas à l’école, car je ne veux pas qu’il subisse la violence du groupe, ou qu’il soit dressé à la compétition ou qu’on m’oblige à le vacciner »... J’ai le sentiment que l’on va droit dans le mur si l’on ne pose les choses qu’en ces termes, et que l’on restera confronté à des crises de conscience, d’angoisse permanente : est-ce que je fais les bons choix pour mon enfant ? Est-ce que je me comporte bien avec mon enfant ? On ne peut révolutionner le rapport social adulte-enfant juste par les exigences que l’on s’impose à soi vis-à-vis de ceux qui nous entourent. De même que l’on ne peut sortir du sexisme juste en s’efforçant de travailler sur les rapports inter-individuels que l’on entretient à l’intérieur d’un groupe. Cela n’empêchera jamais que cela reste intéressant, salvateur, épanouissant d’être attentif aux rapports de domination dans notre quotidien, et de travailler à les annuler, à les déconstruire. Mais on ne peut se contenter de cela, la société se structure par et sur ces rapports donc ils nous rattraperont toujours.

Par ailleurs, la question de la « non-sco », ou bien de ne faire que s’organiser avec les amis, les voisins, pour garder, s’occuper des enfants conduit à déserter le terrain de l’école, autant les luttes qui peuvent s’y mener, que tout simplement le fait d’être en lien avec pleins de gens différents et d’autres enfants. On peut bien vouloir garder un pied dans l’institution pour agir à l’intérieur, avec tous les problèmes et difficultés que cela pose, et vouloir ne pas être confrontés aux enfants que d’un même milieu de gens qui auraient la possibilité de soustraire leurs rejetons à l’institution. Car même si on a renoncé aux idéaux faussement philanthropiques, humanitaires ou sociaux de vouloir s’occuper des enfants de la société toute entière, de vouloir « donner les mêmes chances » à tout le monde... Bref, même si on a accepté que le postulat de l’école publique républicaine est à la fois faux, manipulateur, hypocrite, que l’on sait que derrière les beaux discours se cachent la gestion des masses, le contrôle, l’intrusion dans les foyers, le remplacement de l’emprise de l’église sur les populations, la préparation de la future main-d'œuvre..., il n’en est pas moins intéressant de se poser la question des autres mômes : ceux qui ne sont pas nés dans des familles qui peuvent porter cette attention à l’« éducation », etc. On est en droit, sans tomber dans les travers du social, de l’humanitaire ou de l'œuvre caritative, de s’intéresser à eux, de vouloir les rencontrer, et que les enfants se mélangent. Que l’on ne reproduise pas de notre propre initiative la division l’école publique, pour les pauvres/l’école alternative, pour les riches ou les marginaux, les gens qui tentent de prendre en main cette question de l’école pour ne pas laisser les rejetons aux mains de l’État.

Ces expériences m’ont aussi fait réaliser que les dénominateurs communs « enfants », et « non-sco » ne suffi sent pas à dire que l’on « partage un monde », ou tout du moins quelque chose comme des bases politiques communes pour avancer ensemble sur d’autres questions. Il y a mille et une raisons de choisir de déscolariser ses enfants, qui peuvent aller de la volonté d’apporter une éducation « religieuse » à ses enfants, ou qu’ils ne « se mélangent pas avec n’importe qui »... à la tentative de vouloir les soustraire un minimum à l’emprise de l’État, de ne pas leur imposer de formatage, etc. Bref, autour de la non-sco, il restera toujours à discuter des motifs de soustraire ses enfants de l’école et de voir en quoi ces raisons se rattachent à des points d’accroche politique plus larges et comment on peut les porter ensemble.

Multiplier les groupes « non-sco » et porter cette question sur la scène publique, garder un pied dans l’institution en y mettant ses enfants, ou en étant prof et en tentant de mener des luttes de l’intérieur, soutenir, créer des crèches et écoles alternatives... les options sont diverses pour s’attaquer au formatage, à la main-mise de l’État et des systèmes répressifs sur les enfants. Sûrement il y a des perspectives à construire, des liens à créer, une certaine « tolérance » aussi à garder vis-à-vis des « solutions » trouvées par les uns ou les autres pour s’occuper des enfants. Car ce n’est pas comme s’il suffi sait de faire les bons choix. Quoi qu’il en soit, il me semble qu’on ne peut tout miser sur la construction d’expérimentations locales. Elles restent des solutions plus ou moins collectives et temporaires, et peuvent participer, dans une certaine mesure, à la constitution de communautés politiques. Mais il ne faudrait pas perdre de vue l’exigence de rattacher ces expérimentations et réflexions à un mouvement politique plus large.

Anna

Notes :

[1]Le Sabot, «outil de liaison locale» de Rennes et ses environs, numéro 5, avril 2010. http://lesabotblog.blog-libre.net

[2]La pédagogie Freinet est portée par des enseignants membres de l’Institut Coopératif de l’Ecole Moderne (icem). Célestin Freinet (1896-1966) a impulsé un mouvement de contestation de l’école traditionnelle, en proposant une pédagogie de la coopération, une « école du peuple », militant pour la transformation de l’école publique. Depuis 1991, les écoles Freinet sont reconnues écoles publiques d’État, et des « classes Freinet » existent dans certaines écoles publiques.

[3] Références légères à l’ouvrage de Jacques Rancière, Le maître ignorant, 2004, et de Christiane Rochefort, Les enfants d’abord, 1976. Ce dernier a donné son titre à l’association créée en 1988, qui se donne pour but d’aider et informer les individus et les familles pratiquant l’instruction parentale, de leur permettre de se rencontrer et d’échanger leurs connaissances et leurs expériences, et de défendre le droit au libre choix du mode d’instruction.

[4] Maria Montessori (1870-1952), première femme médecin italienne. Elle s’occupe d’abord d’enfants handicapés « déficients », puis développe sa méthode pour les enfants dits « normaux ». Elle est invitée à mettre en place une « Maison des Enfants », à San-Lorenzo dans un immeuble d’un quartier populaire de Rome. On offre aux enfants une « petite maison » dans une « grande maison » pour y vivre la journée. Les parents ont libre accès à l’école. L’institutrice habite dans l’immeuble pour mieux coopérer avec les parents, dans une optique commune d’éducation des enfants. Il est important de se rappeler ces débuts d’une structure « populaire » quand on voit aujourd’hui que les écoles Montessori, très chères, sont surtout fréquentées par des enfants de milieux très privilégiés, et que si elles ont retenu les principes pédagogiques, l’aspect « lieu de vie », « maison d’enfants » a souvent disparu . L’originalité de sa méthode est d’insister sur l’autonomie des enfants vis-à-vis des adultes (qui passe notamment par un aménagement spécifique de l’espace) et sur l’apprentissage par la manipulation. Même remarque pour les jardins d’enfants et écoles Steiner, qui sont d’abord fréquentés essentiellement par des enfants de familles ouvrières. Rudolf Steiner (1861-1925) élabore une anthropologie spiritualiste cosmique, à partir de laquelle il développe ses théories éducatives qui cherchent à articuler les enseignements intellectuels et les activités artistiques et manuelles.


Nous Autres

Nous autres s’adresse à celles et ceux qui luttent contre les diverses formes de domination, et le font sans s’inféoder à des organisations qui les dépossèdent de leur capacité d’agir et de penser. Qui luttent, donc, en s’organisant à leur propre échelle, humaine et locale, sans pour autant perdre de vue que leur combat ne prend sens que dans un mouvement plus large.

Entre nous tous, toutes celles et ceux qui peuvent se reconnaître dans les lignes qui précèdent, il y a bien une forme de « communauté », même purement négative, liée à ce qui est d’emblée rejeté. Mais il y a aussi des divergences en termes de parti pris, de stratégies, de formes de vie. Des différences qui peuvent prendre la forme d’opposition entre individus, entre groupes, entre tendances. Nous partons du fait que ces divergences nous traversent : que les hypothèses que nous ne suivons pas d’emblée ne nous font pas face comme des ennemis qui nous seraient irréductiblement étrangers. Qu’elles nous interpellent de l’intérieur, quelle que soit l’intensité avec laquelle on les rejettera à telle ou telle occasion. Et que cette pluralité doit entrer en discussion, pour susciter de nouvelles compositions.