Bonne Poire et Kayou se considèrent

Bonne Poire :T’es qui toi ?

Kayou :Moi je suis Kayou et toi ?

Bonne Poire :Moi c’est Bonne Poire qu’on m’appelle par ici…

Kayou :On est où par ici?

Bonne Poire :Ici , on est comme ailleurs…

On est jamais vraiment là, ni vraiment ailleurs

C’est comme partout, on sais jamais trop où en est…

Mais toi tu n’es pas d’ici…Tu viens d’où, toi, Kayou ?

Kayou :Je suis tombée de la dernière pluie…

Bonne Poire :Dis-moi Kayou, tu veux que je t’apprenne à faire des grimaces ?

Kayou : D’accord Bonne Poire…

Bonne Poire : Je t’apprendrais les gros mots aussi…

Kayou : D’accord Bonne Poire…

Bonne Poire :Mais ATTENTION !

Kayou : Hein ?

Bonne Poire :Si quelqu’un veut t’apprendre à compter…

Kayou :Oui…

Bonne Poire : C’est que c’est un professeur !

Et il veut réduire ton monde en chiffre !

Kayou : Mon monde ?

Bonne Poire :Ils vont venir ! Tôt ou tard ils viendront… Ils viennent toujours ramasser celui qui est tombé des dernières pluies ou celui qui est resté dans la lune. Ils l’attachent devant une table et lui disent : « Maintenant fait tes devoirs ! Je ramasse les copies dans dix minutes ! » Et s’il ne réussit pas l’épreuve, il est recalé… Alors il doit apprendre par cœur le code de la route et le code pénal pour le lendemain et si le lendemain il n’a rien appris, ils disent qu’il est malade et l’envoient chez le psychanalyseur. Alors le psychanalyseur lui ouvre le crâne en disant : « On finira bien par trouver ce qui ne va pas ! » Et comme finalement il ne trouve jamais rien, il continue de creuser sa cervelle jusqu’à ce qu’il ne lui reste plus de quoi dormir. Et alors tous les enfants innocents de la terre et de la lune crient à l’intérieur d’eux-mêmes et ce cri dévaste les rêves des poètes, alors les poètes doivent faire la révolution tous les matins parce qu’ils entendent les cris intérieurs! C’est le calvaire des poètes…Ils entendent les cris et ils ne peuvent rien faire et ici quand on ne peut rien faire, on fait de la poésie.

Kayou:Qu'est ce que c'est la poésie ?

Bonne Poire: C'est un forme de révolution !