Thème : naissance-accouchement
Ce thème a été abordé par deux groupes de parole succesifs, lors des rencontres AMP en Aveyron en août 2006.
1) L'horreur de l'hôpital ; qu'est-ce qui nous a amené-e-s là ?
Première question posée : pourquoi les sociétés modernes veulent qu'on naisse comme ça ?
- A une certaine époque, l'Eglise, s'opposant à l'avortement, l'infanticide à la naissance était pratiqué par certaines femmes ou familles n'ayant pas d'autres alternatives. Les femmes ont donc été envoyées dans les hôpitaux pour accoucher pour empêcher ces meurtres sans pour autant autoriser l'avortement.
- Aujourd'hui, il semble que le corps médical veuille faire croire au risque zéro concernant la mortalité infantile ou des femmes. Ce risque zéro n'existant pas, le corps médical semble garantir que tout sera fait pour éviter le risque de mortalité à tout prix. Aujourd'hui en effet, ce qui pousse certaines femmes à accoucher à l'hôpital, c'est l'idée de sécurité (ne pas prendre de risques, "ça me rassure d'aller à l'hôpital").
Deux personnes ont parlé de la situation, une au Népal, une en Inde, où les pouvoirs publics ont repris à leur compte les idéaux occidentaux du progrès médical. Les femmes qui habitent loin de la ville font plusieurs jours de marche pour arriver à l'hôpital avant leur accouchement et pour servir en fait de cobaye.
- Les dérives médicales : A l'hôpital, les femmes sont prises en charge, considérées comme des personnes malades, leurs désirs et leurs sensations sont étouffées, elles restent anonymes; les interventions médicales s'enchaînent, se mélangent (injection d'ocytocine, pas de liberté de mouvements, péridurale, césarienne,...). "On te dit de te mettre là, on te dit de pousser, on te booste,..." Et finalement s'il y a des complications, on peut finir par dire :"heureusement que j'étais à l'hôpital". Une fois le bébé mis au monde, il est souvent séparé de sa mère, même "arraché des bras" pour certaines. Des parents se sont sentis à l'hôpital comme dans une prison, et le moment de la naissance devient paradoxalement le moment où l'on sort de l'hôpital : "pour nous, notre enfant est né quand on est rentré chez nous!"
Une femme a raconté son expérience : pendant sa grossesse, elle se préparait à accoucher à la maison; après un examen, elle a du envisager l'accouchement à l'hôpital comme la seule alternative; son accouchement a été alors '"très très médicalisé et violent".'
En ce qui concerne l'épisiotomie, une personne est intervenue en rappelant que la fonction de l'épisiotomie est d'éviter la déchirure du muscle du périnée entre le vagin et l'anus au moment où le bébé sort, et il a dit qu'on ne pouvait pas raconter "n'importe quoi" concernant l'épisiotomie, reconnaissant aussi l'abus de cette pratique. La question s'est alors posée de savoir si cette déchirure ne pouvait pas être causée par la position imposée dans les salles d'accouchement ainsi que par la poussée boostée, le muscle se retrouvant incapable d'assurer sa fonction d'élasticité et d'ouverture.
"C'est du vol", " c'est un échec" ont dit certaines femmes en parlant de leurs expériences d'accouchement par césarienne ou sous péridurale. Après un premier accouchement sous césarienne, le corps médical sous entend que les autres naissances seront pareilles, et donc qu'une femme doive se préparer à cette fatalité. Pourtant cette fatalité n'est pas incontournable : des femmes qui ont vécu un premier accouchement sous césarienne ont vécu d' autres accouchements par voie basse, et à la maison même, juste avec une sage-femme, parce que c'est possible. Et puis une femme parlait d'une copine qui avait vécu trois accouchements par césarienne , et qui pour son quatrième enfant a vécu un accouchement par voie basse chez elle avec une sage-femme.
Une autre a parlé de son choix d'accoucher à l'hôpital par rapport aux questions d'hygiène et de confort qui , apparemment n'étaient pas idéales chez elle au moment où elle a accouché. Alors une autre femme a remis en cause cette prévoyance :"Y'a pas de conditions idéales de confort ou d'hygiène pour accueillir son enfant". Pourtant, d'après les statistiques avancées, il y a le même taux de mortalité femme/enfant à l'hôpital et à la maison, mais pour des raisons différentes.
Un gars qui avait fait des études de médecine a parlé des mesures en obstétrique qui ont permis de déterminer "la meilleure position pour accoucher" qui serait "une position avec les jambes allongées". Une femme a dit alors qu' il n'y a pas UNE meilleure position pour accoucher, que des femmes accouchent accroupies, à quatre-pattes, assises,...; et que ce qui est important , c'est que les femmes puissent être à l'écoute de leurs sensations intimes à ce moment là, et ce sont ces sensations qui "déterminent " les positions.
2) L'accouchement à la maison ou en dehors des hôpitaux
- Choisir une autre voie
Rencontres, visionnages de films, lectures, témoignages qui disent que "ça existe", qu'"il n'y a pas que l'hôpital".
Récits relatés de films d'accouchements durant lesquels de femmes ne souffrent pas, elles rient, elles sont détendues,... c'est une découverte : '"Ah, on peut être morte de rire en accouchant !?"'
- Apprendre aussi que 20% des femmes qui accouchent ont un orgasme.
- L'importance de rencontres avec des personnes qui ont vécu leur accouchement à la maison, avec ou sans sage-femme.
- Les lectures de livres de Michel Odent et de Frédérick Leboyer.
- Une femme a parlé de sa naissance à elle; sa mère vivait alors au groënland et lui a toujours parlé de son accouchement respecté. Le récit de sa propre naissance a marqué cette femme qui dit qu'il est important que les parents racontent à leurs enfants comment ils sont nés.
- Accouchement à la maison : confiance
- Une femme a parlé de la naissance de son enfant à la maison : quand il est né, son cordon passé sous un bras et enroulé 5 fois autour de son coup, c'est le médecin de famille qui l'accompagnait pour son accouchement qui a défait les tours de cordon.
Deux femmes ont rencontré une "super sage-femme", ce qui souligne l'importance de la relation avec les personnes qui accompagnent l'accouchement.
-Une femme a raconté comment elle avait ressenti et vécu l'action des hormones sécrétés par son corps pour le travail d'accouchement, allié à sa fatigue : elle planait, avait du mal à parler. Pour elle, ce qui a été dur pendant l 'accouchement, c'est qu'à un moment elle s'est allongée et ne pouvait plus bouger : elle était paralysée dans cette position et elle avait mal.
- Une femme a témoigné de son accouchement en clinique : "Après trois heures de contraction, je suis rentrée dans l'eau [une grande baignoire prévue pour l'accouchement]"; elle dit : "j'étais pas préparée pour accoucher dans l'eau; je voulais quelqu'un qui était là pour m'accompagner, pas pour me diriger. J'avais beaucoup plus mal dans l'eau [elle était allongée dans la grande baignoire, son corps flottait, elle n'avait pas de prise]. A un moment j'ai entendu dans ma tête : "mets-toi à quatre-pattes", c'était instinctif, je me suis mise comme ça et le bébé est sorti". Elle dit : "la prochaine fois, je préfèrerai accoucher à la maison et sans sage-femme."
- Une autre femme a parlé de la naissance de ses frères et soeurs à la maison, elle dit que c'était une super expérience de rencontrer le nouveau-né à la maison.
- Un gars a raconté un souvenir de lycée : on avait montré à sa classe en cours de bio un accouchement à l'hôpital; il se rappelle de la souffrance de cette femme en train d'accoucher. Elle était filmée en gros plan, avec épisiotomie. Plusieurs filles sont sorties de la classe vomir, il dit : "on était tous traumatisé-e-s".
Il n'y a pas vraiment eu de conclusion. - Intérêt du cercle de parole : que les personnes ayant vécu un accouchement dans des conditions traumatisantes ou difficiles puissent l'exprimer sans que cela soit coupé par exemple par ; "oui, mais maintenant c'est fini, tout va bien, c'est du passé."(même dans ces conditions, certains témoignages ont quand même été coupés ou interrompus) - Intérêt de la mixité : qu'à ces cercles il n'y ait pas toujours que des personnes ayant vécu l'accouchement ou s'y préparant. - Intérêt de se rencontrer sur ce thème pour témoigner et faire passer des infos.
Il existe un site internet : naissance.ws, qui fourmille de renseignements sur le thème de la naissance.