Collectif avec des enfants, comment on fait ?
Compte-rendu rencontre tomate décembre 2006
C'était la fin de matinée, il faisait beau, on était assis
dehors autour de la table. Y'en avait qui étaient allé se
balader sur le chemin en criant. On s'est aussi badigeonné
avec du maquillage doré (et soit dit en passant, à une
exception prêt, j'ai bien vu que c'était que des filles qui
s'en étaient mis sur la tronche. bon.)
- DE QUOI VA-T-ON POUVOIR PARLER?
Proposition d'explorer les axes suivants:
- relations enfants/collectif au quotidien. Comment c'est dur? comment ça
marche?
- relations enfants/collectif dans les moments ponctuels, les
mobilisations, etc. Et comment former un groupe de sensibilisation à ça.
- et le collectif idéal pour travailler sur ces enjeux là, ce serait quoi?
Ou pour le synthétiser autrement, deux objectifs s'entremêlent:
- fabriquer des outils à partager avec d'autres.
- définir ce qui nous conviendrait à nous.
Remarque: baheuh de mon côté, mon expérience en collectif me donne parfois
envie de vivre seulE avec ma gaminE. plouf.
- TROUVONS UN MOYEN DE DÉMARRER AVEC TOUT çA
Pour démarrer nous avons chacunE rédigé une ou plusieurs questions sur des
bouts de papier; une personne tire au hasard une question et reformule
ce qu'elle en comprend (la personne qui a écrit cette question ne doit pas
intervenir pour rectifier), puis on en discute ensemble.
Voici les notes de la discussion (qui ne s'est appuyé que sur les trois
premières questions), suivies de l'ensemble des questions.
QUESTION 1- Quand je suis témoin d'un interaction entre un adulte et un
enfant et que je trouve que l'adulte abuse de son pouvoir, est-ce que j'ai
le droit de me taire? Et le droit de parler? Et comment?
-- Question qui dépasse les enfants, qui vise à questionner la façon dont
on évolue en groupe et qui peut concerner d'autres relations privilégiées,
comme les relation de couple par exemple.
-- En même temps, c'est plus précis que ça: on parle ici d'un
adulte-parent qui agit sur "son" enfant. Comment intervenir dans des
situations de ce type?
Et ce n'est pas forcément dans la vie collective: ça peut être dans la
rue, n'importe où.
-- Il y a la question du "comment intervenir" et du "ne rien faire". Il
faudrait partir d'exemples concrets.
Qu'est-ce que ça veut dire "ne rien faire"? Qu'est-ce que la passivité? On
peut se positionner comme "extérieurE" mais, en même temps, ce choix peut
aussi influer sur la situation (jouer le témoin passif, montrer du
désintérêt, etc.)
On peut finalement se taire activement, parce que ça nous semble une bonne
chose à faire dans une situation donnée, et passivement, parce qu'on ne se
sent pas concerné ou qu'on ne sais pas quoi faire. Ces deux dernières
postures posent question.
-- Ici se pose aussi la question du lien, du collectif. A quel point des
choses se construisent-elles entre des gens précis? Il ne s'agit alors pas
seulement de réagir à une situation, mais d'avoir comme projet commun de
dépasser certaines situations.
-- Dans des cadres collectifs, quand je suis dans une situation de
colère/abus de pouvoir sur mon enfant, je trouve inadéquat que des gens
interviennent sur le moment. J'aimerais que ça se passe après, quand je
suis posée. Mais c'est compliqué si ça se passe dans des cadres formels où
ça tourne au procès. Et dans l'informel, c'est difficile aussi, parce
qu'on ne trouve pas souvent le bon moment de disponibilité à ça.
Le temps formel où on ne se sentirait pas jugé permettrait d'entendre des
choses, mais aussi de lancer des appels . Ca peut aussi aider à voir ce qui
nous relie, jusqu'où nous sommes prêts à aller ensemble, dans la vie
collective. Et puis ça pose la question de mes propres limites ainsi que
des envies des enfants.
-- L'informel et le formel sont tout les deux nécessaires.
-- Il me semble que plus il y a de formel plus il y a d'informel. C'est à
dire que si on ouvre des temps "cadrés" pour en parler, on en parle
d'autant plus après, informellement.
-- Est-ce qu'on énumère des outils? Est-ce qu'on témoigne de leurs limites
dans nos expériences? ... Les deux?
-- Ce qui serait intéressant dans ces moments-là, ce serait d'explorer les
croyances du "comment il faut se comporter" en partant de situations
concrètes. Parvenir à questionner ces choses de façon dépassionnée, comme
par exemple pour l'histoire de ce matin, du "drame " pour "mettre les
chaussettes".
-- Mais c'est une question de confiance (la "confiance",
étymologiquement, ça vient de "fiancer avec"): les liens sont vraiment
différents entre des gens qui vivent ensemble ou non. C'est ce qui
m'inhibe la plupart du temps quand je suis témoin de situations avec des
personnes que je connais pas ou moins ou peu: le fait de ne pas avoir
confiance dans l'intensité de ce qui est partagé. Par exemple, je ne vais
pas intervenir dans la rue avec des gens que je ne connais pas parce que
je ne sais pas ce qui va se passer après. Je laisse souvent les parents
faire (ou plus largement les adultes qui vivent avec lui), parce que je me
dis qu'ils connaissent mieux que moi les besoins de "leur" enfant, qu'il
savent mieux le comprendre ou je ne sais quoi.
-- Ce qui n'empêche pas que parfois on intervienne aussi, parce que
l'injustice nous semble trop forte, ou qu'on a l'impression d'avoir une
piste à proposer et qu'on tente le coup/qu'on essaie d'aider, de montrer
un solidarité, de créer une confiance. Une fois de plus, ce n'est pas une
question propre aux rapports parents/adultes/enfants, mais à tous les
rapports de pouvoir qui se jouent hors et dans les relation
"privilégiées".
QUESTION 2- Et si on se racontait des moments où on s'est dit "wahou! là
ça marche bien!" (sous-entendu dans les "rapports", liens entre les
gens...) (si ça existe...)
-- ça se passe de toute façon mieux pour moi si c'est discuté, mais les
conditions pour que ça se passe bien...
QUESTION 3- En vrai (?) (je veux dire en ce moment, notre génération,
notre époque, etc.), on ne "fait" pas les enfants ensemble... Par contre
on a envie de vivre ensemble (sous-entendu pas toutes seulEs dans le
ghetto-famille).
Quels outils concrets on se donne pour dépasser les "rapports", les
"rôles" liés au fait de "faire" des enfants, dans les temps de vie
collective (et faudrait préciser ces temps: un week-end, un été, une
caravane, un campement... et les divers enjeux collectifs et perso qui en
découlent..)
-- Les enfants sont "faits" par quelques personnes, type famille. Et puis
survient, ou existe par ailleurs, l'envie de vivre à plus nombreusEs.
Comment on passe de la famille au "plus", avec "nos" enfants?
-- Que met-on aussi en place pour que les enfants trouvent leur autonomie
dans cet espace?
-- Il y a en tout cas des différences selon l'âge des enfants.
-- Le temps passé ensemble est très important, dans la relation qui se
crée entre les personnes.
Que faire dans la durée dans un cadre collectif? Quelle durée
possible/espérée pour un collectif? Comment envisager les ruptures?
On met souvent de côté la dépendance matérielle, affective entre enfants
et adultes, quand ça se passe au delà des "contrat visibles" (type
parenté). Comment se construisent les départs, les abondons, les besoins
dans ces situations? la encore, ça peut concerner des relation entre tous
types de personnes.
-- Il faudrait revenir aux expériences de vie collective où les parents ne
sont pas connus, où illEs ont mis en place les choses différemment.
... Et euh oui, là, on se mettait du doré partout et on avait faim, et en
même temps, on discutait à fond. Alors j'ai pris moins assiduement les
notes qu'au début. C'est fini.
- TOUTES LES QUESTIONS
1- Quand je suis témoin d'une interaction entre un adulte et un enfant et
que je trouve que l'adulte abuse de son pouvoir, est-ce que j'ai le droit
de me taire? Et le droit de parler? Et comment?
2- Et si on se racontait des moments où on s'est dit "wahou! là ça marche
bien!" (sous-entendu dans les "rapports", liens entre les gens...) (si ça
existe...)
3- En vrai (?) (je veux dire en ce moment, notre génération, notre époque,
etc.), on ne "fait" pas les enfants ensemble... Par contre on a envie de
vivre ensemble (sous-entendu pas toutes seulEs dans le ghetto-famille).
Quels outils concrets on se donne pour dépasser les "rapports", les
"rôles" liés au fait de "faire" des enfants, dans les temps de vie
collective (et faudrait préciser ces temps: un week-end, un été, une
caravane, un campement... et les divers enjeux collectifs et persos qui en
découlent..)
4- Où commence, où s'arrête l'accompagnement collectif des enfants au
sein d'un groupe? (au delà du cadre légal, dans la gestion de la vie
quotidienne et la gestion des affects)?
5- Comment trouve-t-on un équilibre dans la prise en charge collective des
enfants, avec la double contrainte: 1/ certaines personnes du collectif ont
moins d'envie et de disponibilité pour cela 2/ plus de demandes/besoins
des enfants envers leurs parents?
6- Est-ce que je voudrais vivre en collectif pour vivre aussi avec des
enfants? Ou est-ce que je voudrais des enfants parce que c'est ça un
collectif (aussi)?
7-Comment vaincre le tabou de la thématique de l'enfance au sein de
l'enfance? Comment faire entendre qu'il existe des façons de fonctionner
autres que celles qu'on connaît déjà? (déscolarisation, déconstruction du
rôle de parents)?