L'école, la famille, la non-scolarisation et les relations inédites....
compte-rendu d'une discussion lors de la rencontre tomate d'avril 2007
On a chacun-e écrit des questions sur un bout de papier, on a mélangé les bouts de papier, et finalement on a tout lu et discuté un peu au hasard...
Liste des questions :
- Et les communautés d'enfants ?
- Communauté non familiale ?
- L'école peut nous sauver de la famille, sinon quoi d'autre ?
- Ne pas nier l'individu petit en lui refusant des comportements qui ne nous conviennent pas ou en lui imposant des formes comme la discussion qui nous conviennent +. Mais ne pas non plus enfermer le petit dans un rôle d'enfant en supposant par exemple qu'on doit forcément entrer en relation avec lui ou elle par des formes associées à l'enfance comme le jeu.
- L'existence/la place du désir
- Quels freins aux relations ?
- Tous les liens extra-familiaux comme on dit: « extra-conjugaux »...
- Peut on modifier une cellule sans bouleverser tout le système immunitaire ? (par cette étrange métaphore l'auteur-e cherche peut-être à évoquer les interdépendances délicates entre l'institution familiale et le processus qui la fait coexister avec toutes les autres (travail,école,état))
- L'allaitement mutuel, homme et femme confondues, je trouve ça fascinant si c'est possible...
- Comment mettre en place un collectif de vie qui permettrait d'expérimenter des relations inédites ? Par exemple pour sortir des relations d'autorité des adultes sur les enfants, de l'appropriation des enfants par les parents, de l'enfant vu comme être en devenir qui doit d'abord ou essentiellement apprendre...etc....
Ce qu'on a dit un peu en vrac :
•Rappelons que selon la loi et selon l'usage l'enfant est sous la coupe de ses parents ; voir C.Delphy : "De la dérogation au droit commun comme fondement de la sphère privée" ; au cours du dernier siècle les femmes ont vues leurs droits rejoindre progressivement ceux des hommes, alors que ceux des enfants sont devenus au contraire de plus en plus spécifiques.
• Le fait d'être enfermé 7 jours par semaine avec un autre adulte ne signifie en rien être sauvé de sa famille. Non, l'école ne sauve pas de la famille !
• Si ça représente une bouffée d'air pour certain-es c'est qu'il n'y a rien d'autres qui leur apporte de l'air...
• L'école permet aussi de penser autrement et d'acquérir des apprentissages.
• Elle relaye surtout la pensée dominante (par exemple au sujet du nucléaire, de la carie, de l'alimentation, de la démocratie...) . Mais peut-être comme nous tous-tes, en tous cas la famille aussi.
• L'appropriation parentale versus l'appropriation étatique…
• Le dispositif école, ou les scouts ou l'armée exercent une contrainte par la règle alors que la famille contraint plus par l'affectif.
• Les relations entre enfants restent sous la domination, sous le contrôle d'adultes.
• Une relation entre un enfant et un adulte est impossible si l'adulte n'est pas soit un parent, soit un ami des parents, soit un spécialiste (prof, médecin, psy, pédiatre...)
Puis on s'est penché sur cette question cruciale : Quel autre cadre pour des relations enfants/adultes égalitaires ? la rue ? le réseau Tomate ?
• Y. nous a parlé de son expérience dans un groupe politique de lutte contre la domination adulte en Allemagne ; il y avait surtout des ados (à partir de 8 ans) issu-es ou en lien avec les milieux punk, anar, féministe... un atelier de récup et de réparation de vélo ; une ligne d'assistance aux fugueur-euses 24h/24 ; un réseau de financement pour leur venir en aide ; une perquise par semaine... Une idéologie anti-couple, anti famille... Beaucoup de règles...(par ex pour socialiser la violence : interdit de frapper son-sa voisin-e immédiat-e mais quelqu'un-e d'autre, et interdit de répondre au coup reçu ; du coup, celle-ux qui se faisaient frappé-es « sans raison apparente » pouvait aller frapper quelqu'un-e d'autre « sans plus de raison... »). C'était aussi une « vraie » communauté c'est à dire une vraie secte totalitaire avec absence de vie privée et un pouvoir énorme sur les individu-es...
• La vie communautaire peut-être une reproduction de la contrainte familiale où l'individu cherchera soit ce qui lui a manqué ou au contraire ce qu'il connaît déjà. Peut-être que certaines communautés d'enfants (les gangs qu'évoque S.Firestone dans « Pour l’abolition de l’enfance ») échappent à ce schéma...
• Y. évoque une maison des enfants à Copenhague tenue par un groupe d'enfants fugueur-euses.
• A un moment on s'est penché sur le fait qu'il ne pouvait y avoir de relation sans désir (réciproque) de cette relation ; mais que faire alors face aux contraintes liées au désir de changer les relations enfant/adulte (par exemple, se forcer en tant que non-parent à quitter une réunion passionnante quand un petit a besoin d'aide ailleurs) ?
• M. nous a parlée de sa vision de L’eda (Les enfants d'abord ) : c'est une association de familles qui prônent la liberté d'instruction et qui ne privilégie pas une éducation sur une autre. Politiquement correcte, elle se bat pour qu'il y ai le moins de contrôles étatiques possibles sur les enfants et soutient les parents dans leur usage de la loi (les textes étant assez souples, les interprétations diffèrent). Il y a une vraie diversité de points de vues et de milieux (aucun consensus sur la santé, sur l'alimentation, la politique, l'éducation...) c'est ce qui en fait toute la richesse : la possibilité de rencontrer des personnes différentes, et ses gamins pouvant rencontrer une famille qu'elle n'est pas obligée de rencontrer elle-même si elle n'a pas envie... même si beaucoup musèlent leurs enfants, par exemple en les obligeant à manger « en famille » à chaque repas ... M. dit vouloir entourer ses enfants du plus de diversités et de richesses possibles et simplement être disponible pour eux jusqu'à ce qu'ils soient prêts à être autonomes et décident eux mêmes de s'éloigner... ce qui implique, entre autre, de créer un réseau de diversités, et de faire confiance à ses enfants.
Pour finir, on s'est demandé comment le réseau Tomate pouvait se positionner et/ou s'associer, dialoguer avec l'association "Les enfants d'abord" .
Certain-es ont envie d'y aller mais avec une critique de la légitimité de la défense des familles et de l'orientation qu'a prise cette association depuis sa création, qui pourrait se renommer de nos jours «La famille d’abord»... ; ou encore le questionnement « comment se battre pour le droit des familles quand on n’est pas de la famille ? » ; certain-es ont exprimé leurs craintes d'êtres associé-es à des clans idéologiques (unschoolers vs homeschoolers), d'autres redoutent le coté "pacification des diversités" mieux connu sous le nom de démocratie et qui est souvent synonyme de dépolitisation... Précision fut faite qu'il y avait parfois des conflits au sein de l'Edaqui repolitisaient... D'autres encore ont mentionné qu'il-les avaient d'abord besoin d'approfondissement (donc se réunir plutôt en groupe affinitaire) que d'expansion (fédération, nouvelles rencontres...).
Du coup on s'est plutôt proposé d'y aller d'abord en temps qu'individu-es plutôt que groupe, mais que ça n'empêcherait pas de venir avec des questions, une table de presse, pourquoi pas un "jeu des axes" suivi d'un débat, une petite forme spectaculaire suivie d'une petite discute...
On notera aussi que la grosse rencontre d'été n'est pas la mieux pour se rencontrer/ se présenter...(voir calendrier à venir)