L'autorité, suite
Compte-rendu d'une réunion à la rencontre Tomate de février-mars 2008 à Marseille
Plusieurs personnes avaient envie de continuer sur le thème de l'autorité, qui avait été abordé à la rencontre dans l'Aveyron.
On commence à repartir sur les questions de fondement de l'autorité :
- - Serge mentionne Weber qui fonde l'autorité sur 3 aspects : charisme, rationalité/légalité, tradition. - légitime/illégitime : on s'accorde pour dire qu'une autorité, un acte autoritaire peut être légitime - la relation d'autorité peut être liée à la relation de confiance.
Nadine mentionne Mendel et son livre "pour décoloniser l'enfant", et nous lit sa définition de l'autorité : "l'autorité c'est le pouvoir d'obtenir sans contrainte physique un certain comportement de la part de ceux qui lui sont soumis". Mendel dit aussi que c'est un soucis d'économie d'exercice de la force physique qui justifie/explique la mise en place d'une relation d'autorité.
Nous avons le sentiment que cette définition nous aide à avancer.
Pour Mendel encore, l'autorité nécessite 3 choses :
- - la transcendance (l'idée d'une morale ou d'un bien et d'un mal fondée extérieurement à l'individu qui doit s'y plier) - un acte physique fondateur et un acte physique qui sanctionne en cas de transgression - une dimension de mystère (ne pas tout expliquer, les "c'est comme ça" les "tu comprendras quand..." et aussi tous les monstres et fables, etc...)
question/conclusion : quand il y a nécessité de contrainte physique pour obtenir un comportement d'autrui, alors cela signifie qu'il n'y a pas de relation d'autorité existante.
La dimension de mystère peut disparaître quand on donne la raison d'une demande ou d'une exigence : il y a les explications générales et les explications particulières. on se rend compte que généralement les explications générales n'en sont pas vraiment, qu'elles tendent à être moralisatrices, souvent infondées, mal précises, fausses. par exemple : je ne veux pas que tu fasses ça : explication générale : il fait faire attention aux objets, ça ne se fait pas, tu fais trop de bruit explication particulière : je tiens à cet objet et je ne veux pas qu'il soit abîmé, j'ai mal aux oreilles. l'explication particulière nécessite d'être clair sur ses demandes/besoins/ressentis. elle met en lumière les interdictions/demandes "automatiques", sans réel fondement autre que celui de respecter un ordre, une habitude etc...
Le plaisir de la relation d'autorité : on mentionne qu'on peut ressentir
- - une jouissance à exercer du pouvoir (aussi par l'inégalité physique) - le plaisir de se laisser aller dans l'obéissance/soumission
Confiance/autorité :
- - l'autorité peut être donnée/acceptée par confiance dans l'autre (compétence réelle ou supposée) - quand la confiance est rompue, elle est relayée par une confiance factice officielle. l'enfant doit faire confiance à l'adulte (cette nécessité de confiance officielle, imposée existe aussi par exemple dans le couple, ou dans des relations ou l'autre fait "pour notre bien", et qu'il n'est pas possible de remettre en question)
Le couple : nous avons tenté de regarder la notion d'autorité à partir du couple.
- - le couple est relais de l'oppression - quel est l'historique du couple, sa fonction sociale ? - remise en question du couple ?
Evolution des espaces d'autorité : A partir de constatations personnelles ou de témoignages de personnes d'âge divers, on évoque le fait que l'autorité/le désir social d'autorité se serait déplacé de la sphère privée vers la sphère publique : les lieux d'autorité comme la famille ou l'école sont devenus plus cool, mais hors ces murs, la tolérance s'amenuise de plus en plus. les discours politiques actuels demandent un retour d'autorité dans ces institutions (pour alléger le besoin de flicage "dehors" ?)