La gazette buissonnière n°4

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Fabriquée dans le Très Très Sérieux Bureau de la Gazette Buissonnière par quelques adulteux acharnés, directement après la rencontre buissonnière de cet été, la Gazette n° 4 s'était ensuite retrouvée aspiré dans un gouffre spatio-temporel... Ca a pris du temps et quelques allers-retour dans le cyberespace, mais ça y est on l'en a rescapée, saine et sauve!

A son bord, on va pouvoir traverser une semaine de l'enfance buissonnière, avec la présentation d'un atelier dessins-écritures-collages-et autres, quelques mystérieux récits de subjectivités ludiques, un arbre bavard, des extraits des Coloriés suivi de quelques journaux retrouvés après la disparition de l'île de la Délivrance, et, parce qu'on a même été un peu sérieux, le compte-rendu d'une discussion "peut-on refuser l'éducation?".

Avec ça on entame une petite croisière dans le vaste monde de la critique de l'éducation avec des textes de K.R.A.T.Z.A.E qui ont été traduits, des livres importants, l'universitad de la tierra au Mexique, un texte de John Holt sur la liberté d'apprendre et une compile audio de texte et de musique "Insoumission à l'école obligatoire" (qu'on peut maintenant écouter en ligne ici: pochespercees.lautre.net);

On réatterit ensuite tranquillement aux Tanneries, où on se lit la gazette N°3, mate "le fils du requin", se lit des histoires écrits par des enfants et regarde même Fifi Brindacier. Après un dernier petit détour à Rennes où se tient un débat sur la domination adulte, on s'écoute un interview de René Shérer par des complices de l'enf buiss , et on est fin prêt pour s'insurger contre les parents qui ont osé censuré Gamin! Bon la bonne nouvelle, c'est que depuis ce fameux zine fait par des mineur.e.s est de nouveau téléchargeable ici: https://enfance-buissonniere.poivron.org/KiOsk et là: http://www.infokiosques.net/spip.php?article934.

Bonne lecture!

Et puis à vos photocopieurs et vos mailings-lists, diffusons sans limite!

La gazette buissonnière n°3

La gazette buissonnière n°3

Présentation

Cette gazette aborde différents aspects des luttes contre l'ordre adulte.

Une première analyse étend la critique de la domination adulte (adultarchie) à celle des catégories d'âge , de la notion d'éducation , de protection, de ce qui constitue le statut de mineur et de ses effets (l'affaiblissement , l'appropriation , l'inversion des causes et la justification naturelle d'incapacités pourtant juridiques)

Le tout émaillé de quelques définitions provisoires (adultocentrisme, transâge...) , de certains textes de lois (autorité parentale , délaissement de mineur...) et de jolis dessins.

On y trouvera aussi des exemples de luttes de mineurs: une présentation de la grève des écoliers en 1911, des extraits de tracts du Front de libération de la jeunesse (1971) des lascars du L.E.P (1986) du collectif Mineurs en lutte(1979) , de l'indianer Kommune (un collectif anarchiste pour l'égalité adulte/enfant de1976 à 1996 ) du Groupe d'Entraide des SurvivanTes de l'Enfance (2011)

La gazette buissonnière contient aussi des retours sur l'actualité des luttes contre l'âgisme : une rencontre enf-buis , une discussion autour de l'aliénation des rôles parents-enfants, Gamin ! un projet de zine réalisé par des mineures, deux brochures toutes fraîches ( Liberez les enfants et La mère sociale ) et d'autres infos réjouissantes (ou pas...)

Bref de bonnes lectures "pour toute la famille" avant, pendant et après les fêtes...

Sommaire

- La domination adulte - la critique continue !

- Critique de l'obligation scolaire

- Quelques luttes de mineur.es

- La grève des écoliers en 1911

- Mineurs en luttes

- Commencez par imaginer

- Enfance ou mort nucléaire ?

- Gamin !

- bref retour sur une rencontre enf-buis

- l'aliénation des rapports parents-enfants

- lectures

- En Bref

- Pourquoi On Resterait Calme ?

La domination adulte - la critique continue !

La gazette buissonnière n°2

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Edito

Cette gazette se veut un support d’informations et de question-nements autour de la critique de l’âgisme, des catégories enfant / adulte ainsi que des théories et des pratiques qui s’y réferent.

Cette gazette est aussi un moyen de se rencontrer, de mettre en commun nos problématiques et désirs de transformations . Nous souhaitons qu'elle puisse permettre de faire entendre différentes voix... Donc si ces textes vous interpellent, vous inspirent ou vous intriguent n'hésitez pas à nous faire signe...

Participez à la prochaine gazette !

Vous pouvez y contribuer en envoyant textes ou images à: enfance-buissonniere@poivron.org

Cette gazette paraîtra chaque fois que nécessaire - et que possible - sans garantie de régularité.

Si vous souhaitez être tenu.e.s au courant des prochaines parutions de l'enfance buissonniere il existe une liste de diffusion : https://listes.poivron.org/listinfo/diffusion-buissonniere

Mais ne restez pas trop longtemps devant l'écran , la vie est ailleurs...

Sommaire

-La domination adulte, critique d'un pouvoir incontesté

-L'éducation à la désobéisance

-L'école est finie

-Agisme

-Les boutiques d'enfants de berlin

-la domination adulte en question

-Histoire d'école

-Encore heureux qu'on va vers l'été

-Dernieres brochures parues


« Tout a commencé avec quelques questions simples, par exemple : les parents ont-ils le droit de te forcer a mettre des vêtements que tu ne veux pas mettre ? quand doit-on aller se coucher ? Est-ce qu’un prof a le droit d’ interdire d’ aller au w.c pendant les cours ? » Extrait de : Les défenseurs des droits des enfants * veulent des changements fondamentaux (*KinderRÄchTsZÄnker) http://Krätzä.de/

La domination adulte, critique d'un pouvoir incontesté

Enoncer qu’il existe un rapport de domination des adultes sur les enfants peut sembler à la fois une évidence et une absurdité : une évidence, car on ne saurait nier que la position d’adulte confère globalement une position d’autorité sur celle d’enfant ; une absurdité, car cette position nous apparaît comme normale, naturelle et même positive. Elle s’appuie de plus sur des caractéristiques « objectives » : les enfants sont objectivement « dépendants », « fragiles », ce sont des « êtres en cours de formation » qu’il convient donc de « protéger », « d’éduquer », « d’encadrer », etc.

Enoncer qu’il existe un rapport de domination des adultes sur les enfants peut sembler à la fois une évidence et une absurdité : une évidence, car on ne saurait nier que la position d’adulte confère globalement une position d’autorité sur celle d’enfant ; une absurdité, car cette position nous apparaît comme normale, naturelle et même positive. Elle s’appuie de plus sur des caractéristiques « objectives » : les enfants sont objectivement « dépendants », « fragiles », ce sont des « êtres en cours de formation » qu’il convient donc de « protéger », « d’éduquer », « d’encadrer », etc.

Il existe pourtant des signes clairs qui permettent de montrer que ce rapport adulte/enfant est bien un rapport de domination, qui plus est particulièrement violent.

Le statut inférieur accordé aux enfants est d’abord présent dans la manière de les nommer. L’enfant, étymologiquement, est celui « qui ne parle pas ». Il appartient au monde des « petits ». Jusqu’à l’âge de sa majorité, il est considéré comme un être « mineur ». Par ailleurs, la plupart des appellations utilisées pour le désigner sont de l’ordre du péjoratif : gosse, gamin, morveux, chiard... Et celles-ci sont souvent considérées comme des insultes quand elles sont appliquées à des adolescents ou des adultes (« bébé », « gamin », « ne fais pas l’enfant », etc.) [1].

Objectivement, l’enfant est évidemment dans une situation de dépendance quasi totale vis-à-vis des adultes, et en particulier de ses parents : pas de ressources propres, pas d’indépendance possible, pas de droit de regard sur les décisions le concernant, y compris jusqu’à un âge avancé. Une fois scolarisé il est soumis à des horaires et à une charge de travail très importants, comparables à ceux endurés par beaucoup d’adultes dans leur vie professionnelle. En-dehors de l’école il n’est jamais totalement maître de son temps et de ses activités car c’est en général toujours l’organisation et la volonté des adultes qui l’emportent (« on doit partir, tu joueras plus tard »).

Typique de nombre de relations de domination, cette dépendance est d’ailleurs totalement « renversée » dans certains discours : on parle ainsi « d’enfant-roi » ou « d’enfant-tyran », tout comme on insinue parfois que les chômeurs sont des privilégiés ou que les immigrés sont coupables de « racisme anti-français ».

Une vision profondément négative de l’enfant

Les enfants bénéficient parfois d’une valorisation sur des aspects secondaires et limités, en général basée sur des attributs physiques ou des comportements conformes aux attentes : on les jugera « mignons », « adorables », « gentils », « polis », « bien élevés ». Mais ces valorisations temporaires masquent en réalité une vision extraordinairement négative de l’enfant, et ce dès sa naissance. Dans la plupart des discours (médicaux, éducatifs, psychologiques), l’enfant est considéré comme un être qui va « chercher la faille », « tester les limites », et qui, si on ne lui impose pas un cadre contraignant, va « en profiter », accumulera les bêtises et les comportements égoïstes. Héritage d’une tradition judéo-chrétienne et psychanalytique [2] cette vision fait croire à un enfant porteur de « vices » ou de « pulsions », qu’il va falloir redresser et corriger par le biais d’une éducation rigoureuse. Ainsi, dès les premiers instants, le bébé qui pleure sera accusé de « comédie » et de tentative de manipulation auxquelles il ne faut pas céder, sous peine d’être par la suite totalement débordé et, à la limite, transformé en esclave de son propre enfant.

Les enfants bénéficient parfois d’une valorisation sur des aspects secondaires et limités, en général basée sur des attributs physiques ou des comportements conformes aux attentes : on les jugera « mignons », « adorables », « gentils », « polis », « bien élevés ». Mais ces valorisations temporaires masquent en réalité une vision extraordinairement négative de l’enfant, et ce dès sa naissance. Dans la plupart des discours (médicaux, éducatifs, psychologiques), l’enfant est considéré comme un être qui va « chercher la faille », « tester les limites », et qui, si on ne lui impose pas un cadre contraignant, va « en profiter », accumulera les bêtises et les comportements égoïstes. Héritage d’une tradition judéo-chrétienne et psychanalytique [2] cette vision fait croire à un enfant porteur de « vices » ou de « pulsions », qu’il va falloir redresser et corriger par le biais d’une éducation rigoureuse. Ainsi, dès les premiers instants, le bébé qui pleure sera accusé de « comédie » et de tentative de manipulation auxquelles il ne faut pas céder, sous peine d’être par la suite totalement débordé et, à la limite, transformé en esclave de son propre enfant.

On trouverait sans doute là de nombreux parallèles avec d’autres formes de domination : on pourra citer les femmes, souvent réduites à leurs attributs physiques, et dont l’image reste souvent très négative (historiquement comme sources de péchés ou de tentations, aujourd’hui encore comme susceptibles de séduction, de manipulation ou de « bêtises » comme des dépenses excessives et futiles, etc.) ou les classes populaires, parfois valorisées pour divers attributs secondaires (le franc-parler, la convivialité, la force de travail...) mais fondamentalement extrêmement stigmatisées et implicitement soupçonnées de propension à la violence ou au racisme [3]. Une domination a en effet toutes les chances de paraître légitime si elle fait passer le groupe dominé comme potentiellement « dangereux ».

La position dominée des enfants s’exprime aussi à travers la non prise en compte, voire la négation de leur parole et des besoins qu’ils peuvent exprimer. Bien souvent ces besoins ou envies sont considérés comme des « caprices », donc comme des demandes qui n’ont pas de valeurs en elles-mêmes. Un enfant qui a très envie d’une console de jeux se verra souvent accusé de « caprice ». Un adulte souhaitant acheter un iPhone, beaucoup moins (encore que cette probabilité augmentera fortement s’il s’agit d’une femme).

Cette notion centrale de « caprice » commence d’ailleurs très tôt, y compris pour l’expression de besoins extrêmement fondamentaux (la faim, le besoin de contact ou d’attention) par les nouveau-nés. Et elle concerne également la négation du chagrin ou de la douleur : la plupart du temps, lorsqu’un enfant tombe et se fait mal, les premiers mots prononcés sont « ce n’est rien, ne pleure pas ». On se souviendra d’ailleurs que jusqu’à récemment les bébés étaient opérés sans anesthésie.

Enfin, la domination adulte s’exprime le plus brutalement par la maltraitance dont les enfants sont souvent les objets. Au delà des cas extrêmes (les victimes de viols ou de meurtres « passionnels » liés à des séparations sont presque exclusivement des femmes ou des enfants), les enfants demeurent le seul groupe social qu’on a légalement le droit de frapper .[4] On accepte encore aujourd’hui que les enfants soient battus, pour leur bien, comme on acceptait hier que les femmes soient battues, pour les mêmes raisons. Et cela sans parler des violences psychologiques : insultes, cris, punitions, humiliations, qui sont monnaie courante à des degrés divers et le plus souvent parfaitement tolérées.

Une domination centrale

Tenter de faire apparaître la relation adulte/enfant comme un rapport de domination comporte une double difficulté : chaque argument peut apparaître soit comme une évidence, soit être immédiatement réfuté, y compris par soi-même, par l’idée que cet état de fait est peut-être regrettable ou excessif, mais qu’il est nécessaire, sous peine de conséquences négatives.

L’autre difficulté est qu’en tant qu’adulte, et encore plus en tant que parents, nous devons prendre conscience de cette domination en étant nous-mêmes dominants. Ceci passe alors par une remise en cause personnelle et un travail permanent pour ne pas se laisser aller à ce qu’on ferait souvent naturellement : se comporter avec ses enfants d’une manière qu’on n’accepterait pas de la part d’un homme envers une femme ou d’un patron envers ses employés.

Pourtant cette domination est une question particulièrement cruciale : nous l’avons tous vécue en tant que dominés étant enfants. Nous avons tous subis nombre de violences plus ou moins grandes, nous les avons acceptées et elles nous apparaissent bien souvent, en tant qu’adulte, comme nécessaires et positives. Or cette expérience et cette acceptation de la domination jouent certainement un rôle dans sa reproduction plus tard en tant qu’adulte, mais aussi dans son application à d’autres contextes et vis-à-vis d’autres groupes sociaux.

Sur le plan politique, enfin, tout ou presque reste à faire. En effet, à la différence d’autres types de dominations qui, à défaut d’être réellement combattues, ont au moins acquis une certaine visibilité (domination masculine, domination de classe, domination hétérosexuelle...), la domination adulte et la place des enfants sont des thématiques totalement absentes du champ politique. Les enfants ne sont présents, y compris dans les programmes de gauche, que par le prisme de l’école, de la santé ou des modes de garde. Avec une difficulté supplémentaire : si le plus souvent les dominés peuvent mener eux-mêmes le combat contre leur domination, dans le cas des enfants c’est presque impossible...

Au-delà des luttes pour les « droits de l’enfant » ou la « protection de l’enfance », qui visent en général à s’attaquer aux violences les plus flagrantes, un véritable travail de mise à jour et de construction politique est donc nécessaire si on souhaite aboutir progressivement à la fin des violences et à une égalité de considération et de traitement entre adultes et enfants

Julien Barnier Juin 2010

Brochure disponible sur http://infokiosques.net.Texte paru initialement sur :lmsi.net/La-domination-adulte

Notes :

[1]Pour une analyse plus détaillée on pourra se reporter au texte L’enfance comme catégorie sociale dominée, http://enfance-buissonniere.poivron.org/L'enfance_comme_catégorie_sociale_dominée

[1]Pour une analyse plus détaillée on pourra se reporter au texte L’enfance comme catégorie sociale dominée, http://enfance-buissonniere.poivron.org/L'enfance_comme_catégorie_sociale_dominée

[2]Pour une analyse historique détaillée de la genèse de cette conception négative de l’enfant, voir l’ouvrage d’Olivier Maurel, Oui, la nature humaine est bonne !, Robert Laffont, 2009.

[3]Cf. la désormais célèbre citation de Nicolas Baverez : « Pour les couches les plus modestes, le temps libre, c est l alcoolisme, le développement de la violence, la délinquance »

[4]Sur la question de la violence physique sur les enfants et de son interdiction, voir le travail de l’Observatoire de la violence éducative ordinaire, http://www.oveo.org

Quelques films à voir

L’éducation à la désobéissance (Erziehung zum Ungehorsam)

L'éducation à la désobéissance est un court documentaire allemand de 1967 qui traite des crèches communautaires et anti-autoritaires de l'époque . Elles étaient appelées « boutiques d'enfants » parce que les lieux loués et aménagés pour y établir ces communautés d'enfants étaient principalement d'anciens magasins de quartier ruinés par la grosse distribution .

Motivés par le refus des pédagogies traditionnelles des jardins d'enfant (kindergarten) et inspirées par les théories de Wilhem Reich (La revolution sexuelle) ou Vera Schmidt (Modèle pour l'éducation anti-autoritaire). Ces lieux voulaient développer l'indépendance et l'émancipation vis à vis de la famille et des valeurs bourgeoises. La nudité, la sexualité infantile et les pulsions destructrices n' y sont pas brimées..

L'école est finie

L'école est finie est un court métrage de Jules Celma l'auteur du journal d'un éducastreur avec la voix de Philippe Noiret « A la naissance il y a l’enfant et il y a l’adulte. Comme vous le voyez, c’est l’adulte qui tient en main l’enfant et pas l’inverse. A quoi sert l’adulte ? A emmerder l’enfant en lui apprenant ce qu’il ne faut pas faire et ce qu’il ne faut pas dire. L’enfant pourtant était né pour vivre totalement et jouir sans limite. Seulement y’a les adultes, ces éducastreurs flétris qui flétrissent ceux qui vivent à leur portée.

Que se passe-t-il ? Quelques mois après la naissance l’enfant n’est plus qu’un tondu parmi des chauves, un bègue parmi des muets. Il ne fait plus areuh areuh, il devient « sociable », « discipliné », « travailleur », pro-chinois ou pro-xénète. Il ressemble à Papa qui lit Le Nouvel Observateur ou L’Humanité Dimanche. Enfant, attention, les grandes personnes sont là ! »

On peut voir ces films et d'autres sur http://www.youtube.com/user/enfancebuissonniere


petit lexique évolutif non exhaustif

Agisme :

'Discrimination arbitraire basée sur l’âge (discrimination dont est victime un individu en raison de son âge). Idéologie et système de discriminations qui découle de la catégorisation des personnes en fonction de l’âge, de la création d’identités sociales liées à l’âge, et qui aboutit à la constitution de classes d’âge hiérarchisées.'


Les boutiques d'enfants de Berlin

Pour les enfants, la contradiction entre la relativement grande liberté dans la commune et la discipline stricte et la répression au jardin d’enfants devenait de plus en plus insupportable. Cette contradiction devenait de plus en plus forte au fur et à mesure que nos relations avec les enfants se développaient plus spontanément et donc qu’ils pouvaient mieux satisfaire leurs besoins dans la commune. Nous-mêmes étions ainsi de plus en plus confrontés à la nécessité de créer une communauté d’enfants. Au début de février 1968, nous avons pris le rapport de V. Schmidt sur le foyer d’enfants de Moscou pour approfondir la discussion sur les problèmes de l’éducation des enfants. Dans la préface de cette brochure, nous avons exposé l’idée que nous nous faisions d’une communauté d’enfants. Nous pensions à un foyer d’enfants dans lequel ceux-ci coucheraient aussi. Cette idée a coïncidé avec le travail du comité d’action pour la libération de la femme qui à peu près au même moment a fondé à Neukölln et à Schöneberg les deux premières boutiques d’enfants. Des boutiques vides furent louées, rénovées, et installées pour recevoir des enfants. Il y avait dans ces boutiques environ huit enfants et chaque jour à tour de rôle deux parents. Dans les mois qui suivirent de nouvelles boutiques furent fondées dans d’autres quartiers.

Comme notre plan coûteux d’un foyer d’enfants basé sur la psychanalyse n’était pas réalisable avant un temps infini, que d’autre part nous ne voulions plus envoyer nos enfants au jardin d’enfants municipal, nous sommes allés en avril aux discussions préparatoires à la création d’une autre boutique d’enfants. Nous avons décidé d’organiser quotidiennement des sorties au bord de la Havel avec tous les enfants, jusqu’à ce que nous nous soyons procuré un endroit qui convienne. La plupart des enfants ne voulaient venir que si leurs parents ou au moins l’un d’eux les accompagnaient. Donc les premiers temps les parents venaient aussi pour habituer les enfants à cette nouvelle expérience. La peur qu’ils avaient de s’en aller avec des adultes et des enfants étrangers n’était pas une peur névrotique de la séparation, mais résultait du fait de cette nouvelle expérience qui les mettait en présence d’un grand nombre d’enfants et d’adultes qu’ils ne connaissaient pas. Au bout de quelques semaines cette peur avait disparu chez la plupart des enfants, seuls les très jeunes enfants (deux-trois ans) et quelques uns parmi les plus vieux continuèrent à exiger que leurs parents les accompagnent. Nos enfants n’ont eu sur ce point aucune difficulté.

Lors des discussions hebdomadaires des parents nous avions dès le début défendu l’idée que nous devions trouver une personne « neutre » pour les enfants, qui les accompagnerait toujours dans les sorties et plus tard serait dans la boutique d’enfants. Sur ce point, nous nous écartions des idées et de la pratique des autres boutiques d’enfants dans lesquelles les parents se relayaient quotidiennement. Les expériences de sorties quotidiennes confirmèrent notre idée. Tout d’abord, les enfants dont les parents participaient alternativement aux sorties avaient des difficultés particulières : ils étaient spécialement agressifs, devaient sans cesse s’assurer de leur père ou de leur mère, ne pouvaient en partie pas supporter que d’autres enfants s’adressent à leurs parents pour résoudre leurs besoins et avaient ce jour là des difficultés à jouer avec les autres enfants ; la plupart du temps, ils voulaient jouer à quelque chose et que leurs parents les regardent.

Cette situation était tout aussi nouvelle pour les parents. Ils avaient surtout des difficultés à se comporter comme d’habitude à l’égard de leurs propres enfants et tombaient dans une neutralité forcée en essayant de traiter leur enfant comme les autres. Cela intensifiait naturellement l’angoisse de leur propre enfant. Environ un mois après le début des sorties nous avons trouvé une jardinière d’enfants qui depuis est continuellement avec les enfants. Elle avait quitté son travail au jardin d’enfants municipal parce qu’elle y était contrainte par les conditions objectives de travail à soumettre sans cesse les enfants à des règlements. En collaboration avec les parents, elle a essayé d’organiser la boutique d’enfants de telle sorte que les enfants puissent y développer plus de liberté et d’initiative personnelle. (Les résultats pratiques et théoriques obtenus jusqu’à maintenant dans les boutiques d’enfants sont publiés dans une série de brochures éditées par le comité central des boutiques d’enfants socialistes de Berlin-Ouest. Une brochure détaillée sur cette boutique d’enfants a également été publiée.)

Ce texte est extrait de Kommune 2 – un ouvrage collectif paru en 1971 (traduit en français aux éditions Champ libre ) qui retrace cette expérience de vie collective – L'intégralité du chapitre 4 dont est extrait ce passage est parue en brochure (vers une communauté d'enfants)

Une émission de radio a écouter :

La domination adulte en question

Digression discursive avec Nadine, active sur les questions de l’enfance et de la domination adulte, à travers son approche singulière. Réalisé par Phosphène. Diffusée le 22 janvier 2011 dans Offensive Sonore sur Radio Zinzine Aix. 54 min.

à écouter et télécharger sur http://esgourdes.net/medias/PADenfant.mp3

Un article a lire et a relire :

Histoire d'école

Un article publié dans (l'excellente) revue "Nous autres" nous a paru très intéressant pour les questions soulevées et les liens qu'il tisse entre des reflexions en cours et des expériences vécues, en voici le début histoire de vous donner envie de lire la suite...

  • « Ce texte se propose d’élaborer quelques questionnements autour de l’école, de l’éducation, de la place des enfants dans nos vies, à partir d’expériences et d’interrogations personnelles. La question scolaire a été récemment soulevée dans une autre revue, le Sabot (1): un entretien avec des enseignants Freinet et un article de réflexion interrogent les liens entre la pédagogie et la politique, du point de vue de l’émancipation. Ici, il s'agit plutôt de voir dans quelle mesure on peut imaginer nos propres structures en créant des lieux pour enfants où s’inventent d’autres rapports que ceux imposés par les écoles de l’Éducation Nationale, et à quelles limites on peut se trouver confrontés dans ces tentatives ?

Récit d’un parcours à la première personne, forme volontairement choisie pour insister sur le fait que dans ces réflexions, on tâtonne, on cherche, au gré des rencontres et des opportunités. Ce texte cherche donc surtout à ré-ouvrir un débat, creuser une thématique, qui pourront peut-être se nourrir de nouveaux apports dans les prochains numéros de Nous Autres. »

[1]Le Sabot, «outil de liaison locale» de Rennes et ses environs, numéro 5, avril 2010 lesabotblog.blog-libre.net

L'intégralité de l'article est aussi lisible sur http://enfancebuissonniere.poivron.org/Histoire_d_ecole


'« Tandis que les adultes, les pauvres, ils ont une espece de maladie qui les oblige à choisir d’êêtre toujours la même chose. Ça s’appelle un rôle.  »' extrait d' '« Apprends à reconnaître le rôle de ta maman et de ton papa »' cité dans la brochure '« Même pas sage, même pas mal »' disponible dans ton infokiosque local et sur https://enfance-buissonniere.poivron.org/M%C3%AAme%20pas%20sage...%20M%C3%AAme%20pas%20mal%20!


Encore heureux qu'on va vers l'été (extrait)

La question était que, puisqu'on était tellement, on pourrait s'organiser un peu mieux que ça, faire des actions communes, avoir des liaisons, et se conduire comme un vrai mouvement, qu'on est d'ailleurs. Celui qui parlait avait dans les quatorze, un peu plus vieux donc que la plupart. Il expliquait qu'on était une force, et que c'était bête de la disperser dans tous les sens, on devrait s'entendre sur une base, et définir nos objectifs. Se structurer en régions et cantons, et se rassembler en grands groupes, par exemple pour tomber sur un village, et exiger des vivres de la population, en lui expliquant.

–Dis donc, murmura Grâce, je m'emmerde...

Lui expliquer quoi ? dit une voix.

Que nous ne sommes pas des délinquants comme disent les journaux mais un mouvement, et qu'ils doivent comprendre nos raisons et nous aider.

Et qui c'est qui sera le chef de l'organisation ? dit une voix nette.

Pas de réponse, un autre monta sur la souche, un plutôt grand aussi. On est un mouvement assez fort pour poser nos conditions.

Quelles conditions ? fusa de plusieurs endroits.

Suppression de la sélection scolaire, annulation de la nouvelle réforme. Participation à tous les décisions, et à l'établissement des programmes. Plein salaire pour les apprentis (rumeurs on s'en fout). Majorité à seize ans.

Qu'est-ce qu'on en a à foutre ?

Droit de vote à douze ans ! proclama opportunément l'orateur. Libre choix de l'orientation.

Liberté sexuelle ! hurlèrent quelques uns.

Liberté sexuelle, adopta l'orateur sans hésiter.

Je m'emmerde ! brailla Grâce. (Rires).

Respect de la dignité, suppression des brimades, égalité devant la loi...

On s'en fout de la loi ! cria Grâce, qui s'énervait.

Et engagement qu'il ne sera pris aucune sanction.

Si ? entendit-on distinctement.

Quoi, dit l'orateur.

Si quoi, ces conditions ? précisa la voix nette qui était à Lucrèce, situées tout près du podium.

Nous n'accepterons de retourner que si, la suite fut couverte par un chahut grandiose, sous lequel les deux orateurs essayaient de placer : Mais qu'est-ce que vous croyez qu'on peut faire ? On n'a pas d'armes ! Eux ils sont organisés, eux ! Si on, Ils nous, Il faut, Profitons que nous sommes forts sinon, Quand ils auront repris la moitié on ne pourra plus rien leur demander !...

Nous ne nous rendrons pas, déclara Vivien, perché sur une souche opposé, et levant Durandal.

Je propose que ceux qui veulent se mettre par grands groupes s'y mettent, et ceux qui veulent pas se mettent pas, dit Régina.

Si on marche par grands groupes ils nous encerclent facile, appuya David. C'est eux les militaires, pas nous.

Si on ne se bat pas avec leurs armes on n'arrivera à rien.

Si on se bat avec leurs armes on n'en a pas.

Ben, c'est justement là qu'on veut arriver, dit une voix. A rien.

C'est pas sérieux disaient les orateurs vous ne vous rendez pas compte du rapport de, vous allez vous faire.

Qui c'est qui t'envoie ? dit Lucrèce. Dis-le. Qui t'a envoyé ? Dis ! dit Lucrèce, elle sauta sur la souche près du tribun et elle le dépassait.

Dis ! Ptit con. Ptit chef. Elle lui cracha dans la figure. Elle redescendit et se dilua dans la foule.

Je propose qu'on ne fasse plus d'assemblée, dit une voix.

Je propose qu'on danse, dit Grâce, elle actionna Maracasse le baigneur rempli de glands, Régina tapa les bouts de bois, David prit sa trompette-kazou, et par-dessus le petit espace libre autour d'eux, dû à Mignon, ça gagna. Ça finit comme ça. Les délégués disparurent dans le désordre avec leurs porte-documents et leurs petits pince-nez, gémissant que ça allait mal finir les gosses n'étaient pas mûrs quel dommage encore une occasion manquée. (...)

Extrait de '" Encore heureux qu'on va vers l'été "' de Christiane Rochefort, paru aux éditions Grasset

Dernieres brochures parues

La domination adulte

Une domination sociale n’est jamais aussi efficace que lorsqu’elle nous apparaît comme « naturelle » et demeure en grande partie invisible. Les multiples rapports de domination qui structurent notre vie sociale sont visibles à des degrés divers : certains sont connus et reconnus (la domination masculine par exemple), d’autres ont été mis en évidence mais restent en partie cachés (on pourra citer la domination culturelle et symbolique).

On sait aussi que mettre au jour un rapport de domination ne suffit en rien à le faire disparaître, mais c’est pourtant une étape nécessaire : il faut prendre conscience de quelque chose pour pouvoir commencer à lutter contre.

Or il existe au moins un type de domination qui reste aujourd’hui presque totalement invisible, que nous côtoyons pourtant tous les jours, et pour lequel nous avons tous été à la fois dominé et dominant : il s’agit de la domination exercée par les adultes sur les enfants.

à télécharger sur https://enfance-buissonniere.poivron.org/La%20domination%20adulte

Les femmes, l'accoucheuse et le médecin illuminé

Ces textes sont le fruit de lectures, de rencontres, et de discussions avec des femmes, des parents, des mères, des professionnels de santé, dans le cadre de réflexions sur la place des femmes au sein d’une société en proie à une médicalisation et une technicisation croissantes. Une société où la domination masculine, et celle des experts, des industriels et des institutions restent considérables, même après des années de luttes féministes. Nous voulons réfléchir à la maîtrise que les femmes pourraient avoir sur les événements qui les concernent d’abord en propre, qui touchent à leur corps, à l’intime, à leur vie. Ces réflexions autour de l’accouchement cheminent autour de questions sur la maternité, l’avortement, la contraception, l’allaitement, ou encore « l’accompagnement » des enfants.

Nous souhaitons qu’au fur et à mesure de sa diffusion, cette brochure puisse s’enrichir de nouveaux textes et témoignages. Pour nous écrire : naissanceenmouvement@gmail.com

à télécharger sur https://enfance-buissonniere.poivron.org/Les%20femmes%2C%20l%27accoucheuse%20et%20le%20m%C3%A9decin%20illumin%C3%A9

Vers une communauté d'enfants

Cette brochure reprend le chapitre 4 de Kommune 2 un ouvrage collectif qui retrace une expérience de vie communautaire et révolutionnaire à Berlin en 1968.

Extrait de l'introduction de la brochure « Vers une communauté d'enfants »:

Le chapitre choisi traite de la « question des enfants ». Si les grilles d’analyse marxiste et psychanalytique utilisées ne nous touchent pas vraiment, si l’assurance avec laquelle sont assénées nombre d’interprétations nous insupporte, la volonté de réfléchir sur ses comportements quotidiens sans oublier qu’ils sont modelés par une organisation sociale et, inversement, de remettre en cause l’organisation de notre société en tenant compte de son influence sur notre vie quotidienne, ainsi que l’ambition de lier « la théorie et la praxis » dont ils ont fait preuve nous interpelle.

Devenir grandE

Recueil de textes incongrus, littéraires et personnels autour du passage de l' enfance  à l'âge adulte tout en se demandant si l'enfance et l'âge adulte sont des trucs bien réels, une invention ou autre chose ? Le tout accompagné d'images, de collages, d'extraits, de cadavres exquis impromptus et à propos; issus d'un atelier d'écriture au sein du réseau tomate (l'ancêtre de l'enfance buissonniere)

« Lutter et experimenter à propos de ces choses qui touchent à « l'enfance ».Les petits, les vieux, les grands, les jeunes, les enfants, les adultes, les parents, les mineurs, la loi , les jeux , l'école , les prisons et les médicaments. Un soir, pour réflechir et passer du bon temps , nous avons lancé un atelier d'écriture ...

à télécharger sur https://enfance-buissonniere.poivron.org/Devenir%20grandE



La gazette buissonnière n°1

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Précisions éditoriales

Cette gazette se veut un support d'informations et de questionnements autour de la critique de l'âgisme , des catégories enfant/ adulte ainsi que des théories et des pratiques qui s'y réfèrent. Vous pouvez y contribuer en envoyant textes ou images à: enfance-buissonniere@poivron.org Cette gazette paraitra chaque fois que nécessaire et que possible, sans garantie de régularité. Si vous souhaitez être tenus au courant des prochaines parutions d'enfance buissonniere il existe une liste de diffusion et bien sûr ce site incontournable: http://enfance-buissonniere.poivron.org

Sommaire

  • - Les nouveautés sur le site d'enfance buissonnière/Enfance irrégulière ( un extrait de la revue vacarme )/ Educazione Démocratica ( naissance d'une revue de pédagogie politique )/Retours sur 2 jours sur le genre et l'enfance/ Une action contre les jouets sexistes / Et si on jouait dans la rue ? / "Non !" Une performance (anti-)autoritaire / "On est pas des minus " / La mort de contact point ( un fichier recensant 11 millions d'enfants rend l'âme aux royaume- unis) / Loppsi2: une nouvelle loi liberticide

Educazione Democratica

Naissance d'une revue de pédagogie politique

En janvier 2011, en Italie, voit le jour le premier numéro d'une revue semestrielle : Educazione Democratica - Revue de pédagogie politique.

Ce premier numéro, en ligne sur le site http://educazionedemocratica.it/, comprend un dossier qui traite des liens entre la prison et la dignité humaine. Le deuxième numéro comportera un dossier consacré à Danilo Dolci. Les langues de la revue sont l'italien, l'anglais et le français.

Educazione Democratica est une revue semestrielle que l'on peut acheter en version papier mais aussi lire gratuitement sur le site http://educazionedemocratica.it/. Son but est d'explorer le lien entre une éducation authentique, c'est-à-dire fondée sur le respect réel de la liberté et de l'autonomie de tous les sujets impliqués dans les processus éducatifs, et une démocratie authentique, c'est-à-dire un système dans lequel tous les citoyens auraient un pouvoir réel, et non simplement rhétorique ou limité au vote. Tous les textes d'Educazione Democratica sont distribués sous licence copyleft. Sur le site, le lecteur peut accéder librement à chaque article aussi bien qu'à la revue dans son ensemble. Il est également possible d'acheter la version papier, en passant commande ici ; grâce à l'impression à la demande, le prix correspond au simple coût d'impression et d'acheminement postal.

Educazione Democratica est publiée chez les Edizioni del Rosone.

Dans les prochains numéros, la rédaction abordera les thèmes des Roms et l'école, des écovillages, de l'instruction à la maison, de la différence de genre, de l'échec scolaire, du jeu comme médiateur didactique, social et cognitif... La rédaction se reconnaît dans un Manifeste, publié sur le site en italien et en traduction anglaise et française, et en italien dans le premier numéro de la revue, et est composée par des journalistes et des universitaires de différents pays.

Educazione Democratica entend développer sa recherche sur quatre lignes directrices :

- la tradition de la pédagogie anti-autoritaire et libertaire, de l'expérience de Iasnaïa Polïana de Tolstoï jusqu'aux proposition de déscolarisation d'Illich et Reimer, et encore ;

- la tradition de la pédagogie laïque et démocratique, de Dewey et Paulo Freire aux italiens Lamberto Borghi et Piero Bertolini ;

- la tradition de la pédagogie de la non-violence, en particulier celle des maîtres italiens : Aldo Capitini, Danilo Dolci, don Lorenzo Milani ;

- le mouvement actuel pour la democratic education et les nombreuses tentatives d'écoles alternatives, de la Subdury Valley Schools à l'école démocratique d'Hadera en Israël.

Educazione Democratica souhaite apporter sa contribution au débat pédagogique en produisant des essais et des études de type historique aussi bien que des analyses d'expériences éducatives novatrices et des traductions d'auteurs étrangers. Chaque numéro s'ouvrira sur un dossier d'approfondissement consacré à des phénomènes politiques et sociaux, ou à des auteurs et expériences, analysés du point de vue de l'éducation. Le style adopté prévoit une critique pédagogique complétée pour ainsi dire par une critique de la critique ; autrement dit, par une analyse des propositions alternatives elles-mêmes.

Pour tout renseignement complémentaire : Antonio Vigilante - antonio.vigilante@formazione.uniba.it - +39 320 23 41 597 Paolo Fasce - paolo.fasce@unige.it - +39 347 88 21 465

enfance irrégulière

Extrait du n°49 de la revue Vacarme (automne 2009)

"Depuis les rapports Bénisti, Inserm, Varinard, les peines planchers, les policiers à l’école, les enfants en garde-à-vue pour vol de vélo, etc., l’inquiétude devant l’actualité va croissant quant au traitement des irrégularités de l’enfance, stigmatisée, surveillée, jugée, enfermée. La tentation scientiste et le parti pris sécuritaire qui sous-tendent les nouvelles

  • législations réduisent l’enfance au risque ou au danger qu’elle

porte ou qu’elle encourt. Déjà, en 1975 dans l’introduction à son cours sur les Anormaux, Michel Foucault mettait en garde sur la violence de tels discours

  • qui ont « un pouvoir de vie et de mort ». « Ce pouvoir, ils le détiennent de quoi ? De l’institution judiciaire peut-être mais ils le détiennent aussi du fait

qu’ils fonctionnent dans l’institution comme discours de vérité, discours de vérité parce qu’à statut scientifique [...], discours qui peuvent tuer, discours de vérité et discours qui font rire. Et les discours de vérité qui font rire et qui ont le pouvoir institutionnel de tuer, ce sont après tout, dans une société comme la nôtre, des discours qui méritent un peu d’attention. » Concrètement, aujourd’hui, que fabriquent ces discours qui méritent un peu d’attention ? Ils érigent en place de vérité des approches déterministes faisant du moindre geste, comme des moindres bêtises d’enfant, le signe d’une pathologie qu’il convient de neutraliser au plus vite ; ils promeuvent des thèses favorables à l’origine biologique des comportements humains dit déviants pour justifier fichiers et traitements ; ils privilégient l’isolement plutôt que l’accueil, la surveillance plutôt que l’accompagnement, la réponse répressive plutôt qu’éducative,

  • ou prétendent que la seconde vient nécessairement avec la première.

Étrange époque que celle qui peut compter par millions les petits consommateurs de Ritaline,

  • de Concerta, ou de molécule voisine transformant les enfants agités en sages à l’école

et les petits frondeurs distraits ou bavards en disciplinés, étrange époque que celle qui cherche à effacer les « symptômes » avec n’importe laquelle de ces drogues que Freud nommait Sorgenbrecher (briseurs de soucis). Ce durcissement vis-à-vis des irrégularités de l’enfance dans le champ pénal, social et éducatif, met en lumière une instrumentalisation, comme l’histoire en a déjà connu : agiter le spectre de la jeunesse dangereuse, de l’enfance incorrigible, permet d’évacuer d’autres malaises et de faire le dos rond aux questions et aux refus que dans leurs étrangetés radicales ces enfances soulèvent. L’irrégularité de l’enfance ne saurait être épuisée par ces lectures. Et si nous avons choisi ce terme ancien pour désigner l’enfance dite ensuite « inadaptée », « déviante », « délinquante » ou « en danger », c’est justement pour la polysémie sémantique qu’il ouvre. Car l’enfance est en elle-même irrégulière au sens où l’irrégularité désigne ce qui ne suit pas la règle, mais ouvre un écart, une discontinuité, une résistance ou une nouvelle interprétation. Ainsi en est-il de l’irrégularité dans les traits d’un visage, l’irrégularité d’un pouls, d’un pas, d’une langue ; de l’irrégularité de la versification d’un poème, de la trame d’un tissu,

  • d’une mesure musicale. L’enfance irrégulière, si elle est familière des marges, ouvre à une autre lecture de ces marges, lieux d’inventions, de subversion, de création."

Extrait de l'avant-propos de Gilles Chantraine et Ariane Chottin source: http://www.vacarme.org/article1815.html Le sommaire et les articles de ce numéro sont disponibles ici: http://www.vacarme.org/rubrique331.html

Retours sur deux journées d'actions et de réflexions sur le genre et l'enfance

A Angers, il y a le collectif émancipation : http://collectifemancipation.blogspot.com/ Un groupe de gens qui se pose des questions et propose des actions sur le genre, le sexisme... Par exemple il y a eu un week-end de discussions non-mixtes sur le couple, une journée de réflexion autour de contraception/grossesse/accouchement/avortement, un festival mi-tondu-e-mi-poilu-e, des actions contre les jouets sexistes … Dans ces cas là y a souvent des gaufres ou des crêpes et des films, des débats, et un infokiosque avec plein de brochures et d'histoires de L'enfance buissonnière et d'ailleurs... Ça a eu lieu en partie dans la rue et à L'étincelle , un lieu collectif autogéré -> http://letincelle.over-blog.org (voir la page du 17 décembre 2010 à 17h00) et puis ils en ont même parlé à radio-G (une radio locale associative et alternative) dans de l'huile sur le feu http://pochespercees.lautre.net/?-de-l-huile-sur-le-feu-

Une action contre les jouets sexistes

Samedi matin, répondant à l'appel du collectif émancipation qui proposait deux jours d'actions et de réflexions autour du genre et de l'enfance, se sont retrouvés une petite dizaine de personnes dans un grand magasin de jouet . Dedans y a un secteur "tout petits" avec plein de jeux d'éveils électroniques et puis un secteur "garçons" en bleu et un secteur "filles" en rose et il y a des "papas conseil" déguisés en papa et des "mamans conseil" qui parfois portent un bébé en plastique (ça fait peur !). Comme il faisait froid dehors on a décidé de rentrer dans le grand magasin de jouets. Là on a posé quelques pancartes sur lesquelles on pouvait lire, si on savait (lire) :

"A bas les jouets sexistes !"

" On veut Jouer, pas se conformer ! " accompagné de dessins de petits personnages stéréotypés fille/garçon roses et bleus

"Vos cadeaux de Noël participent à la construction des stéréotypes Cette année offrez leur le choix Offrons-nous la possibilité d'en finir avec l'oppression de la norme et du sexisme."

Une autre pancarte signalait aussi que dans certains pays ce sont des enfants qui sont exploités pour fabriquer ce avec quoi les enfants d'ici vont pouvoir jouer et qu'il est possible de s'amuser sans l'industrie des jouets...

On a distribué des tracts du style de celui en pièce jointe en disant clairement à tout le monde pourquoi on était là, et qu'il fallait pas transformer ses enfants en viril-guerrier-macho accompli ni en maman-ménagère-princesse docile...

Là y a un lutin du Père Noël - enfin un employé du magasin chargé d'emballer les cadeaux et déguisé en lutin du Père Noël - qui sur un petit ton larmoyant nous a supplié de les laisser travailler.

Évidemment on n'était pas là pour empêcher les lutins du Père Noël de travailler, on était aussi là pour s'amuser dans les rayons... Alors on est allé un peu brouiller les pistes : des action-men se retrouvaient encerclés par les barbies, des petits poneys se retrouvaient perdus aux pays des super-héros virils, une table à repasser du coté garçon ? Une mitraillette dans le coin nurserie ? Que se passe-t-il ? Action-Man est dingue, barbie lui a pris son flingue ! (c'était la banderole de l'action de l'année précédente)

Ce jeu nous a également permis de constater que certains jouets devaient engendrer des casses-têtes dans l'organisation des rayons comme les playmobils pour filles (c'est là qu'on a appris que les playmobils était majoritairement pour les garçons...), ou que certains induisaient toute une façon d'organiser une profession comme la panoplie médicale : elle est au rayon fille parce qu' elles pourront toutes rêver de devenir infirmières, mais le paquet est bleu avec un garçon dessus, c'est normal : c'est un homme qui sera le médecin-chef !

On a pu aussi discuter avec les gens qui était chargés de paquets roses ou bleus, une maman finira par admettre que l'attirance des filles pour les robes de princesses n'est peut-être pas seulement le fait de la nature ni des gènes XX et que oui, un garçon peut aimer le rose mais s'il veut jouer à la poupée ce n'est quand même pas très normal... Une autre nous assure que chez elle tout est inversé : sa fille préfère les super-héros du rayon garçon et son fils les poupées du rayon fille, d'ailleurs son cher petit adore faire la vaisselle et le ménage alors que sa fille préfère le foot, elle pense aussi que c'est peut-être lié au fait qu'elle travaille tandis que son mari s'occupe du foyer.

On a peut-être un peu perdu de temps (si tant est que le temps soit quelque chose qui puisse se perdre, ce dont je continue de douter...) en essayant de raisonner avec des vigiles qui semblaient avoir du mal...

Au cas où nous aurions été des "terroristes capables de retourner le magasin", ils décidèrent d'appeler la police. Celle-ci (peut-être surprise de l'incapacité des vigiles) leur demanda des précisions et apprenant que nous étions peu nombreux,

  • ni vraiment enclin à tout retourner, tarda à intervenir...

Ce qui nous accorda un peu plus le loisir de distribuer des tracts et de discuter avec quelques quidams avant de laisser les lieux au consumérisme outrancier d'avant noël...

Un lien vers les campagnes "nationales contre les jouets sexistes » -> http://www.millebabords.org/spip.php?article16070

Et si on jouait dans la rue ?

De retour de l'action contre les jouets sexistes, on avait décidé d'informer aussi les chalands du centre ville des dangers des jouets sexistes et du formatage des genres. On a installé en plein sur une place de la zone piétonnière d'Angers deux tables d'infokiosque, des pancartes (voir le chapitre précédent), des couvertures, des peluches, des histoires, des instruments de musique. Il y avait aussi un grand camion de pompier rouge qui servait de "chill-out" chauffé, d'espace calme pour se reposer, se lire des histoires ou essayer du matériel Montessori. Et donc là, à la surprise générale, on a couru dans tous les sens parmi la foule venue faire ses emplettes pour les fêtes de Noël, on a joué à chat, à loup-bougie, loup-glacé... et puis on invitait les passants qui avaient du mal à faire autre chose que passer... c'est normal... Et bah... en fait, on s'est bien amusé entre gens de tous âges, == Retours sur deux journées d'actions et de réflexions sur le genre et l'enfance ==

A Angers, il y a de tous sexes et de toutes origines, et on a même pas vu le temps passer... En plus on est parti juste avant la pluie ! On est trop fort !

« Je me suis dit qu'on pourrait le refaire à plein d'autres occasions, avec ou sans pancarte, des mini "reclaims the street anti-âgistes" par exemple... juste pour se rappeler que c'est possible : on peut jouer, se rencontrer, apprendre et grandir dans l'espace public, pas seulement circuler et consommer comme le prétendent la police et les marchands... »

"NON !" Performance (anti-)autoritaire

Alors donc il s'agissait d'après le programme d'une : Improvisation clownesque tout public (sans garantie) pouvant contenir un fort taux de surprises ou d’autres trucs et pouvant aussi soulever des questions.

- Mais c’est pas obligé...

- Et où donc, semble-t-il on entend très souvent le vocable "non !" ?

- En effet...

- De plus, ce que ne dit pas le programme, c'est que 2 acteurs sont mineurs puisqu'ils ont 3ans 3/4 et 7 ans, que j'additionne avec l'âge des représentants légaux, ce qui nous fait tout de même un total de 80 ans pour cette toute jeune compagnie familiale qui se fait appeler pour l'occasion "Ni Oui Ni Non!"...

- Et bien tout à fait... En fait ce jour-là à eu lieu une grande première...

- En fait ma collègue me rappelle que c'est déjà la deuxième fois que ça a lieu (la grande première ayant eu lieu à une rencontre des Enfants d'abord en Bretagne)

- Oui mais c'était comme une grande première, voilà !

- Mais enfin de quoi ?

- Et bien de ce moment incroyablement intense où nous improvisons, les gens avec qui je vis et moi-même, dans des tenues des plus bariolées bien que subtilement agencées dotés d'un appendice nasal rouge vif, l'œil étincelant, les nerfs tendus, l'attention portée sur la prochaine catastrophe toujours imminente, jouant avec poésie et panache dans la démonstration éclatante que "tout est possible !".

- Et sans toute cette littérature ?

- Ha ... heu… ben voilà moi dans le spectacle, je joue le rôle du papa, j'ai deux enfants que j'appelle "les enfants!" , je les accompagne voir un spectacle de clowns avec leur "maman" que j'appelle "chériii" , elle aussi m'appelle "chériii", on s'appelle "chériii", voilà... Mais nos enfants nous appellent "papa" ou "maman" comme dans la plupart des "familles" en fait... Enfin en vrai on s'appelle pas trop, on se crie tout le temps dessus. On se crie "non !" et on essaye de s'empêcher de faire des trucs...

Par exemple au début on va voir un spectacle, alors dans l'idée on va juste s'asseoir sans un bruit et attendre de voir ce qui se passe... Comme tout le monde quoi... Mais en fait là y en a toujours un qui a envie de dériver, de jouer, de transformer la situation en quelque chose de plus fou et de moins attendu alors on lui dit "non !" et bizarrement ça donne encore plus envie

  • de le faire et même du coup tout le monde a envie que se fasse ce pourquoi les "parents" ont dit non ! Parce que ça nous libère ! ça nous libère tous et toutes du "non" de nos parents !

Alors évidemment c'est le bordel et de pire en pire ...

- Bon des fois y a même des enfants qui hurlent, sans doute terrorisés par un chaos aussi vif et brutal !

- Oui mais y a aussi de la tendresse, de la musique et des peluches !

- Oui mais tout est un peu trop fou et un peu trop brouillon ! En plus on a l'impression que c'est les 2 enfants - surtout le grand - qui mènent la danse et qui semblent vraiment n'en faire qu'à leur tête, ils n'écoutent rien et ils foutent un bordel monstrueux ! C'est super flippant ! En plus on comprend vite qu'ils n'ont pas de limite, que dire "non !" ne fait que les en-grainer vers le pire... C'est ... C'est terrifiant !

- Oui c'est vrai ! C'est inspiré à 100% de la vie réelle, de notre vie quotidienne pour être plus précis...

- Vous criez tout le temps "non !" ?

- Certains jours oui, même si c'est souvent à l'intérieur, et puis certains jours on joue, là ça s'entend qu'en fait on crie "oui !", même si c'est à l'intérieur !

- Ha ?

- Bah oui... Vous savez il faut énormément de chaos en soi pour accoucher d'une étoile qui danse...

- Et bien merci pour cette fausse interview, qui je l'espère aura permis aux auditeurs de se faire une idée plus précise de ce qu'a été ce "Non !"

- Que tout vous soit possible.

"On est pas des minus !"

C'est un documentaire sur l'école de Vitruve en 1984 par Jean Michel Carré où on voit des enfants participer activement à la vie quotidienne du lieu (lessive, ménage, courses, cuisine, prises de décisions... etc)

On a parlé de ce qui était possible ou pensable à l'époque et qui ne l'est plus aujourd'hui : filmer enfants et adultes prenant une douche en mixité, des enfants visiblement non accompagné allant faire les courses... Et on s'est interrogés sur ce qui s'était passé depuis : augmentation du trafic urbain, médiatisation du sentiment d'insécurité, procès de pédophiles, lois sur la délinquance juvénile, construction d'établissements pénitentiaires pour mineur, contrat de responsabilité parental, couvre-feu, vidéo-surveillance devenue vidéo-protection…Bref, s'est installée douillettement l'idée qu'il ne faut plus laisser traîner un mineur non-accompagné dehors... On a admis que la peur des risques avait augmenté beaucoup plus que les risques eux-mêmes.

On a parlé aussi de l'étonnante débrouillardise de ces gamin-es qui paraît encore aujourd'hui extraordinaire tellement on est pas habitués à voir des enfants se débrouiller, décider, prendre la parole pour exprimer une opinion personnelle avec aplomb ou sortir un poulet du four et le découper, etc.

On a aussi parlé de unschooling et de lycées autogérés... On a évoqué les écoles pour homeschooler aux U.S.A (expression ironique pour désigner des lieux de convergences d'apprentissages sans obligation de présence, ni classe d'âge, ni note, ni devoir, ni diplôme qui n'ont finalement rien à voir avec une école puisqu'on y est libre...), comme les projets d'écoles démocratiques dont les K.R.Ä.T.Z.Ä (groupe de mineurs à Berlin en lutte contre leur statut) font aujourd'hui la promotion -> http://www.youtube.com/watch?v=V0zx5YVcpGc

La mort de "contact point

Un fichier recensant 11 millions d’enfants rend l’âme… au Royaume-Uni

Le 6 août 2010, le Ministère britannique de l'éducation a décidé de couper les accès à « Contact Point », la proche parente outre-manche de la Base élèves.

Près de dix ans après les débuts de ce projet tentaculaire censé améliorer la protection de l’enfance, cette base de données contenait les données personnelles nominatives de 11 millions d’enfants. Toutes les données enregistrées devraient être détruites dans les prochaines semaines [1].

Pourquoi avoir décidé la suppression de Contact Point ?

Contact Point avait été créée dans le cadre d’une politique de protection de l’enfance et de prévention de la maltraitance, impliquant des services sociaux, éducatifs et policiers. Mais, au fil des années, son utilisation à l’échelon national a donné naissance à un fichier gigantesque sur les enfants et leurs proches, qui a révélé ses failles et son caractère liberticide :

* sécurisation totale impossible : une étude du cabinet de consultants Deloitte, longtemps dissimulée par le gouvernement, avait rappelé l’évidence que la sécurité totale d’un tel système était impossible [2] ; * démesure : entre 330.000 et 400.000 professionnels (enseignants, travailleurs sociaux et policiers) avaient potentiellement accès aux informations personnelles nominatives sur toute la jeunesse britannique de moins de 18 ans ; * problème de confidentialité : très vite sont apparus des cas de partage illégal d’informations entre des utilisateurs, habilités à accéder à la base-de-données, et d’autres personnes non autorisées ; * inefficacité, malgré un coût de plus de 224 Millions £ (150 M€), et le fait que les saisies pouvaient occuper jusqu’à 4/5 du temps d’un professionnel de l’enfance ; * inégalitaire : alors que ContactPoint était largement méconnue du public, l’administration avait reçu plus de 50.000 demandes de parents, dont de nombreuses célébrités et hommes politiques, pour supprimer les données de leurs enfants, créant de fait des inégalités de traitement de la confidentialité. [3]

Afin de protéger les enfants, le gouvernement britannique n’a donc pas hésité à remettre en cause l’utilité d’une base de données nationale centralisée accessible en ligne.

« Nous en étions arrivés à une culture qui mettait l’accent sur la saisie bureaucratique plutôt que sur le travail de terrain et la prise en compte de la situation individuelle de chaque enfant », dixit Tim Loughton, ministre de la jeunesse [4].

Le CNRBE salue cette décision et invite les professionnels de l’éducation, de la statistique, et les parlementaires français à supprimer immédiatement et sans condition la base-élèves et la BNIE qui concernent 13,5 millions d’enfants, et à réfléchir d’urgence à d’autres solutions plus respectueuses des libertés.

Le Collectif National de Résisance à Base Elèves

Notes [1] Lire la note de la LDH-Toulon, celle du site Big Brother Watch et l’annonce officielle du gouvernement (en anglais)

[2] Rapport du consultant Deloitte sur Contact Point (format PDF - en anglais - source : Daily Telegraph)

[3] Article du Daily Telegraph, 27/01/2009.

[4] Article du 10 juin 2010.

Loppsi 2 : une nouvelle loi liberticide

La loi d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure (Loppsi 2) n'épargne pas les mineurs. Celle-ci étend le droit d'interdire aux personnes de 13 ans et moins d'être sur la voie publique entre 23 h et 6 h

  • sans être accompagnées d'un titulaire de l'autorité parentale : elles ne pourront pas même sortir accompagnées

d'un ou d'une ami.e ou d'un.e membre de la famille de plus de 13 ans ou de plus de 18 ans ! Depuis 10 ans les maires avaient le pouvoir de prendre une telle mesure en ciblant certains quartiers. Avec cette loi le préfet pourra appliquer cette interdiction sur tout le département et ordonner les arrestations de celleux qui n'auront pas compris "leur intérêt". Car cette décision sera prise "dans leur intérêt" bien entendu,

  • toute restriction des libertés est motivée par l'intérêt de celle ou celui qui en pâtit. Cela est d'autant plus facile à justifier

pour ce qui concerne les mineurs car il est peu discuté le fait qu'illes doivent être surveillé.es, éduqué.es, protégé.es (voir l'article de loi ci-dessous). Cette interdiction vient aussi allonger la liste de sanctions que peut prendre un juge pour enfants à l'encontre d'un mineur

  • d'au moins 10 ans pour une durée de trois mois maximum, renouvelable une fois.

Faut-il rappeler à celles et ceux qui l'auraient oublié (avec l'âge) que quand on est mineur.e, selon la loi, on n'a le droit de circuler "librement" qu'avec l'autorisation de ses parents ou tuteurs, selon leur bon vouloir ? Cette loi ne fait que renforcer le statut de mineur. Un statut qui, par définition, fonde une privation de droits et une dépendance à l'arbitraire d'adultes. Un statut qui s'impose aux personnes auxquelles la loi reproche d'avoir... moins de 18 ans.

Les personnes dépositaires de l'autorité parentale seront aussi rappelées à l'ordre dans le cas où elles n'agiraient pas conformément au rôle de relais que l'État leur confère. Elles seront alors sanctionnées par une amende et/ou on leur « proposera » un contrat de responsabilité parentale.

-extraits de l'article 24 bis sources : http://www.assemblee-nationale.fr/13/ta/ta0417.asp http://www.senat.fr/petite-loi-ameli/2010-2011/215.html

I. – Le représentant de l’État dans le département ou, à Paris, le préfet de police, peut décider, dans leur intérêt, une mesure tendant à restreindre la liberté d’aller et de venir des mineurs de treize ans lorsque le fait, pour ceux-ci, de circuler ou de stationner sur la voie publique, entre 23 heures et 6 heures, sans être accompagnés de l’un de leurs parents ou du titulaire de l’autorité parentale, les expose à un risque manifeste pour leur santé, leur sécurité, leur éducation ou leur moralité. ... Le fait pour les parents du mineur ou son représentant légal de ne pas s’être assurés du respect par celui-ci de la mesure visée au premier alinéa du I ou au premier alinéa du II est puni de l’amende prévue pour les contraventions de la troisième classe.

-Le contrat de responsabilité parentale, source : http://vosdroits.service-public.fr/F16090.xhtml

Principe:

Le contrat de responsabilité parentale peut être proposé aux parents ou au tuteur légal d'un enfant par le président du conseil général, de sa propre initiative ou sur saisine de certaines autorités (telles que : l'inspecteur d'académie, le chef d'un établissement scolaire, le préfet ou le maire) en cas :

  • d'absentéisme scolaire de trouble porté au fonctionnement d'un établissement scolaire, ou de toute autre difficulté liée à une carence de l'autorité parentale.

Le contrat rappelle les obligations des titulaires de l'autorité parentale et comporte toute mesure d'aide et d'action sociale de nature à remédier à la situation.