Focus sur les différentes possibilités de rencontres

Ceci n'est pas un compte-rendu, mais une série de contributions au "débat sur les débats"


Se réunir a une heure donnée, en fonction d'un programme, pour parler ensemble selon des modalités prédéfinies, d'une thématique choisie, impliquant d'être capable de raisonner mentalement, de pouvoir mettre des mots (associés de façon cohérente et compréhensible) sur des idées, parfois sur des sentiments(mais c'est plus difficile) sur des actes... Impliquant de pouvoir, structurer, analyser, ordonner et synthétiser sa propre pensée ou ses propres façons de fonctionner.

Voilà ce que certain/e d'entre nous semble avoir établi/s comme une modalité de réunion qui aurait fait ses preuves et serait finalement la plus simple, la plus pratique et peut-être la seule façon de faire pour débattre...

Cet appauvrissement de nos manières de se rencontrer et de notre imaginaire finit par réduire aussi la portée de nos luttes et les possibilités d'un changement social radical.

Alors évidemment ce point pourrait certainement être débattu a une heure donnée, en fonction d'un programme blablabla et cela ne signifierait pas grand chose sur notre capacité à inventer autre chose...

Par contre chacun/e d'entre nous peut à sa manière rester vigilant/e à toutes les formes de cloisonnements théoriques et pratiques (incluant la manière de parler, la position des corps, l'ambiance des lieux...) et ainsi favoriser l'émergence de rencontres inhabituelles,ludiques et décloisonnantes.

Curieusement les relations entre êtres vivant/es deviennent autrement intenses dés lors qu'on ne les enferme pas dans l'habitude, dans la répétition du même, dans des idées toutes faites...

Quelques pistes

-Etre vigilant-e a notre rapport à la propriété des choses et des espaces, autant dans les petits gestes de la vie quotidienne que dans le langage dit courant.

-Développer ou permettre que puisse être développer les moyens d'être autonomes dans les cas graves ou d'urgence.

-Clarifier d'abord ses propres limites avant de vouloir en imposer aux autres

-Être à l'écoute des besoins réels avant d'imposer ses valeurs

Pour la décentralisation des cerveaux et contre la dictature du rationnel: ni pour, ni contre!

“Avoir une idée, c'est perdre toutes les autres.” (proverbe zen)

Rappel: Les idées sont vivantes!

Il y a des idées qui vont bien ensemble.

Il y en a qui font naître de nouvelles idées.

Et tous les jours, des milliards d'idées géniales meurent dans l'indifférence générale tandis que les idées les plus débiles font la une des journaux !

Certaines idées en appellent d'autres, elles laissent la porte ouverte à un tas d'autres idées c'est pourquoi on les appel “les idées conviviales”

D'autres idées au contraire veulent dominer la pensée au détriment de toutes les autres idées, on les appel “les idées totalitaires”

Depuis que la première pensée est née les idées totalitaires n'ont cessées d'asservir les idées conviviales!

Et c'est logique puisque les totalitaires veulent le pouvoir absolu et que les conviviales ne veulent rien ou presque, simplement “vivre ensemble”.

Heureusement certaines idées échappent à toutes logiques !

Aujourd'hui (comme depuis toujours) où la pensée totalitaire est omniprésente et le plus souvent camouflée en pensée conviviale, il devient très difficile de penser différemment.

Par exemple du coté de la pensée critique, qui est une pensée trés ambitieuse puisqu'elle est en partie convaincue de pouvoir changer le monde, il y a un petit lot d'idées totalitaires qui sont enracinées dans la pensée matérialiste et rationnelle et semblent indélogeables! Le plus inquiétant c'est que bien souvent elle ne sont pas formulées directement et se glissent derrière la conversation comme des ombres ou comme des évidences.

Voici en vrac un florilège de ces idées qui sous-tendent certains échanges et restent le plus souvent non-formulées :

  • . o Vous avez vu comme je m'exprime bien !
  • . o Le mieux/ le plus simple/ le plus facile pour s'exprimer c'est de le faire avec des mots !
  • . o Les autres moyens d'expressions ne sont pas à-propos/valides/conformes/normaux/acceptables !
  • . o Le silence n'est pas un moyen d'expression !
  • . o L'humour et la poésie doivent avoir leur place !
  • . o Quand c'est la tête qui commande, le corps on s'en fout !
  • . o Les émotions ne doivent pas déborder !
  • . o On apprécie l'enthousiasme mais on s'en méfie !
  • . o Il y a une norme communément admise à respecter dans tous les échanges ! Une forme de tiédeur, de platitude, c'est un peu bizarre au début et un peu fatiguant vers la fin mais c'est normal, on s'y habitue !
  • . o En théorie, c'est “mal” de dissocier la théorie de la pratique, mais en pratique on voit pas comment faire autrement! (ça me rappelle cette phrase qui était affichée dans le bureau de ma mère: “la théorie c'est quand on comprend tout mais que rien ne marche ; la pratique c'est quand tout marche mais on ne sait pas pourquoi ; ici nous avons réussi les deux: rien ne marche et on ne sait pas pourquoi !”)
  • . o Il est de bon ton de “discutailler” ! (rappel: discuter vient de dis-cutare = couper en deux, opposer deux point de vues. ≠ converser qui vient de con-versare = vivre ensemble, nourrir une vision commune.)
  • . o Une idée rationnelle bien formulée est meilleure que toutes les autres ! Cette dernière n'est qu'une déclinaison de l'idée mythique “j'ai raison” . L'idée mythique “j'ai raison” est a la source de nombreux raisonnements totalitaires qui supposent toujours que l'autre reconnaisse enfin l'idée qu'il/elle a donc tort ! voici quelques uns de ses appuis les plus courants et les moins formulés:
  • . o J'ai raison parce que tu es un/e enfant et que je suis un/e adulte !
  • . o J'ai raison parce que tu es une femme et que je suis un homme !
  • . o J'ai raison parce que j'y ai déjà réfléchi avant toi !
  • . o J'ai raison parce que je suis plus concerné/e que toi !
  • . o J'ai raison parce que j'ai plus d'expériences que toi dans ce domaine !
  • . o J'ai raison parce que j'ai lu tous les livres ! (-même pas vrai d'abord !)
  • . o J'ai raison parce que je m'estime plus intelligent/e que toi !
  • . o J'ai raison parce que je m'exprime mieux que toi !
  • . o J'ai raison parce que je connais des mots savants !
  • . o J'ai raison parce que c'est logique/évident/cohérent/rationnel/vrai...
  • . o J'ai raison parce que c'est démontrable scientifiquement !
  • . o J'ai raison parce que l'Histoire l'a prouvée ou le prouvera !
  • . o J'ai raison parce que c'est marqué dans le dictionnaire !
  • . o J'ai raison parce que je suis plus fort/e que toi !
  • . o J'ai raison parce qu'on est plein à penser comme moi !

Grand jeu-concours:

amusez-vous à repérer chez vos interlocuteurs-trices ou chez vous toutes les bonnes raisons qu'ils/elles ont d'avoir raison ! et gagnez le droit d'avoir tort c'est très bon pour l'humilité!

Bon... c'est pas fini et la liste est certainement très longue... Mais qu'au moins on puisse le voir en face droit dans les yeux, ce fléau de la pensée qui consiste à croire qu'on a raison ou que notre idée du monde puisse être meilleure qu'une autre, qui avance masqué d'évidences et de non-dits, et qui de belles phrases en grandes théories vient semer le dogme et l'idéologie dans des cerveaux qui ont du mal à utiliser 10% de leur potentiel... (wouahou elle déchire cette phrase ! Je dois forcément avoir raison quelque part ! Ou bien ?) Bon tout ça pour dire que des fois pour formuler une pensée commune il serait bon de se prendre un peu moins la tête, de relativiser un peu nos prétendus savoirs, d'être un peu moins prétentieux/ses, de désapprendre un petit peu ce que nous tenons pour vrai, de se rendre un peu plus disponibles et présent/es, de laisser de la place aux intuitions, aux doutes, aux éclairs de lucidités irrationnels ...